M'en veuillez pas...^^
Hope est seule.
Hope est belle.
Hope est fragile.
Fragile de son nom trop dur à porter. Ce nom qui fait sourire et vivre des milliers de gens, mais qui la fait doucement mourir. Ce n’est pourtant qu’un nom. Mais ses épaules trop frêles ne savent pas le soutenir.
Seule, elle s’assoit dans cet immense champ de blé. Pour regarder les épis onduler et écouter la mélodie du vent. Elle vient tous les jours. Même quand il pleut.
Belle dans sa robe blanche si légère qui souligne les douces courbes dessinées par la maturité. Des courbes de femmes. Si délicate. Et ses cheveux de feu dansent sous la brise et essayent de cacher ses grands yeux verts, en forme d’amande. Vert, la couleur de l’Espoir.
Hope est pensive.
Hope est triste.
Hope est torturée.
Sa tête est trop pleine du malheur du monde. Elle pense aux souffrances des autres qui créent la sienne. Empathie. Trop fort pour être compris.
Les larmes qui roulent tout doucement sur ses joues sont de la douleur à l’état de fusion. Elles font mal à quiconque les voit. Parce qu’elle sont plus belles et plus malheureuses que les larmes de milliers d’enfants.
Partagée entre son désir d’aider les autres et son immobilité, elle a peur. Parce qu’elle ne peut rien faire et se sent impuissante. Parce qu’il est impossible d’aider tout le monde et qu’elle le sait mieux que personne.
Hope espère.
Hope attends.
Hope ne vit pas.
Elle se sent perdue, portée par la marée. Elle est chavirée, dans son cœur trop fragile et pourtant si grand. Son espoir à elle est mort-né.
En tortillant les épis de blé entre ses longs doigts fins, elle regarde la course des nuages et attends que vienne enfin le jour où elle pourra partir sans regrets. Le jour où on viendra la chercher, pour panser les blessures de son cœur. Et la libérer des souffrances des autres qui l’accablent.
Et assise dans son champ de blé, elle est morte. Sa peau si pâle n’en est que la triste preuve. Elle est morte d’avoir trop vécu. Pour les autres. Son cœur bat encore, le sang coule toujours dans ses veines, les larmes s’échappent toujours de ses yeux, mais elle est morte de l’intérieur.
Hope est muette.
Mais pas aveugle. Elle voit, devine toutes les souffrances mais ne peut pas les avouer. Les expliquer. Les comprendre.
Alors Hope gueule son désespoir au monde entier. Son silence est pire que tous les cris de guerre, de peur, d’amour. Et ses larmes sont ses paroles. Et les seules à les écouter sont les épis de blé.
Hope est la triste poupée au teint de porcelaine que la peine fait bouger et s’amuse à casser, à réparer, pour la casser encore.
A l’infini.