La Mandalune [ En cours ]

Ce n’est pas l’histoire d’une fuite, c’est l’histoire d’une évasion, d’une envie d’ailleurs qui ne se satisfait pas de l’infini.

*

- Fonce !
- T’es sûre ? On va tomber, il n’y aura plus rien à faire après.
- Tout est déjà finit de toute façon.
- Tu ne regrettes pas ?
- J’ai pas le temps.
- Comme tu veux.
- Non, je ne veux pas. On en a besoin.
- Accroche toi.

Et elle s’est lâché.

*

Ici est un endroit que tout le monde connait bien. C’est un endroit où chacun fait escale au moins une fois dans sa vie, peu importe où on va le chercher on le trouve toujours là où il ne se trouve pas. Ici, ça sent un peu la mer, mais surtout l’océan, les embruns rendent les photos floues, alors il ne reste qu’à imaginer ce qu’avait été notre vie ici. Ici on quémande un peu de rêve, rien de grave, mais on sacrifie quand même notre bonheur sur un hôtel brûlant. Ou peut-être est-ce simplement le grand feu autour duquel danse les gitans le soir. Ici, dites bonjour aux étrangers et embrassez les inconnus, laissez la sueur qui vous coule sur la nuque vous glacer les os, prenez ma main et oubliez.

Ici, on est ailleurs. C’est là que commence leur voyage.

- Vraiment ?
- Vraiment.
- Mais ça n’a pas de sens, on ne peut pas commencer un voyage ailleurs, il se finit ailleurs, pas le contraire.
- Chut, ouvre les yeux, écoute et transe leurs vies.

*

Lili et Milo, une histoire dont vous n’osez même plus rêver.

*

C’est une simple deux chevaux de 1976, autant dire qu’elle est bien vieille et qu’avec ça on ne va pas loin, mais on peut aller jusqu’au bout du monde. En faire trois fois le tour en passant par l’astéroïde qui est en train de s’écraser sur Vénus. Elle est orange et blanche mais le blanc est devenu bleu il n’y a pas longtemps. Et comme le bleu et le orange ne vont pas ensemble, le orange est devenu vert. Les phares ne marchent plus, et même si vous crever d’envie de l’allumer elle éclaire quand même bien plus que vos cœurs. L’herbe ne pousse plus sous les roues qui ne roulent plus, et le réservoir d’essence est vide depuis toujours. Elle meurt la pauvre, elle meurt.

- Je croyais qu’on pouvait aller au bout du monde avec …
- Bien sur.
- Elle a pas l’air en forme dis donc.
- Baisse les yeux, le bout du monde est à tes pieds.

Et pourtant ils n’étaient pas en haut d’une falaise, mais à ses pieds il y avait les neiges du Kilimandjaro.

- Je ne vous crois pas.

Et Lili a sourit. Elle appellera la voiture Alma.

Heuresement que tu l'a posté.
C'est la seule histoire dans laquelle je retrouve toute ta splendeur.
(L)

Ca doit être pour ça alors que c'est la seule que j'aime en ce moment.

T'arrêtes de me copier oui
[J'aime bien les Papillons. Elle est cool trtm]

C'est toi qui me copies ta gueule.
Putain faut que j'écrive la suite des Papillons.
J'vais la transformer un peu.

Alors, quand on veut que la grande Océane ferme sa gueule, on lui demande poliment trtm.


Ouais bah vite, j'attend moi.

Je crois que je suis restée trop longtemps sans te lire.
Le retour au plaisir fait trop mal.
Je suis amoureuse de tes mots.
Atrocement tiraillée de gauche et de droite.
Tourbillon.
<3

Sourire tout le long et continuer pendant un bon bout de temps.
C'est ça la magie de tes mots.
De tes titres.
Et tes dialogues, comment te dire...
C'est comme un minuscule bout de bonheur qui éclos dans le ventre.
Il faudrais que tu sois ton propre lecteur pour ressentir ça.
C'est énorme.
La Mandalune...
Rien que le titre ça te fais partir loin.
Tellement loin.
Ailleurs?

Oh Apo' et comme ça fait plaisir de retrouver tes commentaires si géniaux.
Soon adorée, petite merveille tu m'as manqué tu sais.





*

Milo est ici, Lili est partie ailleurs, Alma attends là-bas, autant dire qu’ils sont tous les trois au même endroit.

*

- Tout est prêt ?
- Rien n’est prêt.
- Tant mieux, on a besoin de rien. La porte avant droite est cassée tu le sais ?
- Oui, un jour j’ai voulu la faire respirer.
- Milo ?
- Quoi ?
- Rien.
- Merci, c’est ce dont j’avais besoin.

Parce que quand on a besoin de rien, il nous manque encore tellement de choses. Un sourire en guise de flèche, quand on utilise pour cible, cette douleur qu’on ne peut refouler, cette douleur qu’on cache, que tout le monde voit, mais que personne ne regarde. Oui, un sourire, c’est bien.

*

Wile et Ley. Quand vos rêves rejoignent leur réalité.

*

Ce n’est pas l’histoire d’un départ, d’une arrivée et de tous les cailloux qu’ils déposent entre ces deux points, c’est l’histoire d’un voyage, un voyage qui a oublié sa destination.

- Comment elle s’appelle ?
- Lili.
- Elle est comment ?
- Je ne sais pas, je ne veux pas savoir, je veux juste qu’elle s’appelle Lili.
- Pourquoi ?
- C’est la mandalune qui me l’a dit.
- Ah.
- Ley ?
- Oui ?
- Elle a de beaux yeux.
- Ah. C’est le plus important alors.

*

Ce n’est pas ses cheveux noirs qui le rendaient si beau, ni cette cicatrice sur le poignet qui nous disait qu’il souffrait, ce n’était pas son corps qui nous souriait. La beauté était bien plus profonde, il était allé l’enterrer avec ses angoisses, un soir de lune bleue. C’est là toute l’étrangeté d’un être comme Milo, un cœur laid à en mourir mais une beauté qui vous brûle les yeux. Et c’est là qu’elle se cachait la souffrance justement, bien plus profonde elle aussi.


- Vous savez, on vous dit que le cœur de Milo est laid à en mourir mais ce n’est pas vrai, ce n’est pas vrai. Le cœur de Milo est moche de vérité voila tout, il crève de réalité, il lui manque les couleurs depuis qu’il a vu que vous ne vouliez pas de lui. C’est de votre faute tout ça, personne ne croyait en lui . On vous dit « Le cœur de Milo est laid à en mourir » et tout de suite vous décidez de ne pas l’aimer. Le cœur de Milo me révulse, c’est une horreur à regarder, un calvaire à aimer. Et je préfère devenir sourde que de l’écouter battre encore une fois. Le cœur de Milo n’est pas laid, le cœur de Milo est un cœur seul. Torturé.
- Il a mal ?
- Oh non la douleur est passée. Mais un cœur est comme un humain. Tellement torturé qu’il en est devenu défiguré et vous le trouvez laid parce qu’il n’est pas comme le votre.


- C’est vous qui êtes laid.
- Lili ?
- Allez vous en, vous ne méritez pas cette histoire.

Et cette voix, féminine et rauque, devient réelle dans l’air salé du soir.

*

J'ai envie d'en crever.
Un jour j'y arriverai.

Han.
<3

Tiens, pour toi Apo', vu que t'es ma seule lectrice n__n.



*

Le tableau de bord est poussiéreux, les sièges grincent, le volant ne tourne plus. Dans la boite à gants où Milo range ses moufles, il y a une photo jaunie par le temps. Et qui aura bientôt oublié ses souvenirs. Sur un fond neutre, assise sur un tabouret, une jeune fille vous sourit. Imaginez la. De longs cheveux blonds attachés en un chignon, son sourire vous dit bonjour, et son décolleté adieu. Cette jeune fille prie.

- On n’a pas besoin de volant de toute façon.

Et personne ne l’entend.

- C’est en allant tout droit qu’on peut plonger du haut de la falaise.

Son sourire n’est qu’une cicatrice qui balafre son visage.

- Tout droit, à jamais. Tu n’as pas peur ?
- Jamais.
- Vraiment ?
- Pas tant qu’il fera nuit.

Ses doigts, crispés sur le bord du tabouret, tremblent. Regardez cette jeune fille est morte de peur, elle vous appelle à l’aide.

*

- C’est Lili sur le tabouret hein ?
- Ouais.
- Wile ?
- Ouais ?
- Quand est-ce qu’on va la chercher ?
- …
- T’as une cigarette ?
- …


Et la fumée de mandarine lui embaume le cœur.

*

Asseyez vous, évitez les tabourets, on en tombe trop souvent, asseyez vous, saoulez vous, soyez ivres, sinon, vous ne pourrez pas arriver au bout du voyage. Nous sommes ailleurs, nous allons nulle part. Le voyage commence.

*

Clac. Clac. Deux portes se ferment et le monde s’ouvrent à eux, Alma a mal, mais elle roule, Lili est heureuse, mais elle pleure. C’est un feu qui brûle sans cesse, ce sempiternel combat en chacun de nous, ce combat des paradoxes qui nous tuera - non, nous allumera -.

- Et toi Milo ? Il est où ton combat ?
- Ici.

Milo touche le pare brise du doigt.

- Et là.

Milo sort sa main par la fenêtre ouverte et laisse le vent la frapper.

- Milo, je ne comprends pas.
- Moi non plus.


*

J'ai envie d'y entrer dans cette voiture.
Et d'la laisser rouler jusqu'au bout du monde.
S'il existe.
<3

*

Quelle liberté peut bien représenter une petite 2CV qui rouille au soleil ?
Quelle liberté peuvent bien vouloir deux personnes qui n’ont jamais été enfermées ?
Quelle liberté nous restera-t-il quand ils seront vraiment partis ?
Quelle liberté nous guidera ?

- Je t’aime Milo.
- Tais toi, on nous regarde.
- Je sais, mais on s’en fiche. Parce que tu le sais.
- Quoi ?
- Que je te mens.

Quelle liberté pourra bien les séparer ?

Une telle liberté n’existe pas.

*


- Ne croyez pas que Lili et moi nous nous détestons. Peut-être qu’on s’aime après tout, mais ça, je ne le saurai jamais. Vous savez son plus gros mensonge c’est quand elle affirme qu’elle ment. Les mensonges qu’elle ne cache pas sont les vérités qu’elle a le plus de mal à accepter, celles qui lui transperceront le cœur le moment venu, et moi je ne serai pas là pour la sauver. Parce qu’elle m’aura déjà dit de disparaitre de sa vie.
- Mais alors, c’est qu’elle ne vous aime pas tant que ça.
- Vous savez, pour moi, lorsque deux personnes montent dans la même voiture, que cette voiture est verte et bleue et qu’en plus elle s’appelle Alma, il n’est plus question d’amour ou de haine. Si elles font ça, c’est qu’avant tout, elles se comprennent.


Celui-ci me fait mal. Je n’y suis pas habitué.

*

- Wile, c’est qui ce « je » ?
- Eh bien, c’est moi.
- Mais tu n’es pas dans l’histoire toi. Tu ne fais que la raconter.
- Exactement, donc j’en fais partie, sans moi elle n’existerait pas. Sans toi non plus d’ailleurs.
- Comment ça ?
- Le monde tournera tant qu’on se racontera des histoires, et tant qu’il restera des gens sur cet océan pour les écouter ces histoires. Et les vivre. Oui, les vivre surtout.
- Alors je suis dans l’histoire ?
- Tu es dans l’histoire.
- J’arrive quand ?
- A la fin, quand tout finit bien.
- Ah. Je ne sais pas faire ça moi.
- T’inquiète pas, tu n’as rien à faire. C’est moi qui fait tout.

Arrivez vous seulement à sentir toute la douleur qu’il y a dans les yeux de Ley ? Regardez, il s’est perdu le pauvre enfant, il est seul ce gosse, depuis que. Alors maintenant c’est son frère Wile qui est là pour recoller les morceaux.

*

Et vous, êtes vous seul ?
Oui ?
Regardez à votre droite, oui, allez y, regardez.
Ne voyez vous pas une photo de quelqu’un que vous aimez ? Ou un mot écrit de sa main. Un dessin qu’il vous a fait. Un signe, un rien du tout qui vous rappelle sa présence. N’y a-t-il pas ça ? Et à gauche ? N’est-ce pas pareil ?

On n’est jamais seul, jamais, même au plus profond de nos nuits blanches, nous ne sommes pas seuls, puisqu’il y a toujours ce cœur en nous, qui bat forcément pour quelqu’un.

Ley regarde à droite. Il voit la mer.
Ley regarde à gauche. Il voit la mer.
Ley regarde devant lui. Il voit le souvenir d’un fruit bien trop vite épluché.
Ley ne regarde pas derrière lui. Parce qu’il n’y arrive pas. Et il ne sait plus vraiment pour qui son cœur bat.

*

Mais revenons à l’histoire. Lili et Milo sont montés dans la voiture et on ne sait pas où ils sont partis, Wile les a perdus de vue quand il a voulu prendre son frère dans ses bras. Mais il ne s’inquiète pas, non, parce que la voiture finira par tomber en panne, et on les retrouvera, oui, on les retrouvera. En attendant Wile va vous raconter le ciel, il parait que c’est absurde. C’est comme le dessiner. Colorier une feuille en bleu et c’est bon. Là on dit « Bah le ciel, c’est le ciel » et voila.

- Alors écoute moi Ley, parce que le ciel, personne ne te le racontera plus jamais comme ça.

Wile allonge Ley sur le sol, sur le ventre.

- Et pis n’oublie pas, je veux que tu racontes ça au monde entier quand je ne serai plus là.

Wile ferme les yeux de Ley.

- Tu sens la mer qui te berce là ?
- Oui.
- Tu sens les vagues qui épousent les formes de ton corps ?
- Oui.
- Alors écoute, écoute bien, parce que personne mieux que la mer ne pourra te raconter le ciel. Personne n’a jamais réussi à toucher l’horizon à part eux. Alors écoute.
- J’écoute.
- Et tu entends quoi ?
- Rine.
- Rien ?
- Non, Rine.

*