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 [TH - En cours] Les papillons de nuit.

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Luo
Ecrivain en herbe
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Luo


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Localisation : Paris. L'Océan.

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MessageSujet: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeMar 6 Nov - 15:04

Pour ma Lune.



Les papillons de nuit.



Angel

Tout a vraiment commencé sur le quai de la gare un jour comme les autres, quand le soleil ne s’était pas encore couché. Toutes les histoires qui commencent dans les gares ne se terminent jamais, il y aura toujours un train à prendre, se faire prendre, culbuter, sauter à pieds joints dans une mare aux canards. Le joint de tes cauchemars. Tout a vraiment commencé alors que je ne m’y attendais pas, je ne m’attendais plus à rien, j’étais tellement déchirée. De la chair, de la raison, de la drogue, du cœur. Je ne savais plus trop où j’étais, et surtout pourquoi j’étais là. Tout a commencé alors que je tirais sur ma cigarette pour retrouver l’air que j’avais perdu la nuit dernière juste avant qu’on me sorte de la baignoire. Tout a vraiment commencé un jour qui ne veut rien dire, un jour comme les autres, tout a commencé il y a des années et même maintenant, ce n’est pas encore terminé.

Je me rappelle du tumulte ambiant, du grincement des trains sur les rails, du bruit des billets compostés, de celui des roulettes des valises sur le sol, des briquets qui allument des clopes sans arrêt, rien que des bruits indéchiffrables, sans vie, à l’agonie, je suis à leur merci, infini, ironie, j’ai appris des bruits plus cruels, des rires plus amers, des pupilles dilatées, rien à voir et pourtant si, tout à voir, je meurs. Mourir, on le fait sans bruit, dans la nuit, vivre on le fait sans nuit, dans le bruit. Je faisais le contraire. Depuis quand suis-je en train de mourir ? Maintenant sûrement, puisque c’est maintenant que tout commence. Sur le sol en béton de la zone fumeur je crache mon tabagisme à plein poumon, mon corps se convulse en de nombreux soubresauts incontrôlables et l’air me manque.

Est-ce que quelqu’un me regarde ?

Plutôt rêver. Plutôt crever. Je ne m’arrêtais plus, mais il y avait plus que la clope que je crachais, il y avait ces galaxies sans soleils, les piqûres, les bateaux qui restent au port, les garrots, les lumières brisées et les piqûres, encore une fois. Les larmes me montent aux yeux à force de tousser et je ne sais même pas d’où elles viennent, je ne suis pas triste, je n’ai pas mal, je n’aime pas pleurer pour rien. Mon bras droit enserre ma taille et sous mes doigts pâles, sous le tissu fin de mon t-shirt je sens mes côtes prêtes à se briser, je sens mon ventre comme aspiré dans mes entrailles, je me sens partir. Et de ma main gauche je cache ma bouche, je crache le sang dans ma paume, je ne suis pas malade, ne me regardez pas, ne regardez pas …

Est-ce que quelqu’un s’arrêtera ?

Et alors tout a commencé à ce moment là. Quand, prise d’un spasme infernal ma tête s’est relevée et est allée brusquement se cogner contre le grillage en métal qui délimitait cette zone de mort, pour ainsi dire. Ce grillage me narguait de tout son vide et me criait « Je suis ton linceul ! Je suis ton linceul ! ». Et c’est à ce moment précis, qu’à travers mes yeux à demi clos j’ai aperçu un regard, un regard sans compassion, un regard sans sourire, un regard sans pitié, un regard sans rien, un regard qui ne me regardait pas, qui se posait juste sur moi. La toux, les spasmes, les crachats de sang, tout s’est calmé d’un coup, j’ai laissé aller ma tête contre le grillage, fermant les paupières quelques instants pour retrouver mon souffle. La cigarette était morte par terre, inhalant encore les rafales mortes de ma respiration. N’importe quoi. J’ai levé les yeux, ce regard était encore posé sur moi et tout d’un coup, j’ai été prise d’une folle envie de rire. Je me suis retenue, parce que vraiment, ça m’aurait tué, déglingué les côtes de l’intérieur, comme des lames qui se brisent les unes contre les autres. J’avais envie de rire parce que cet homme qui me regardait il se croyait tellement différent de toute cette masse informe de gens qui se contorsionnait autour de lui. Il se sentait à part, au-dessus de nous, ça se voyait dans ce regard vide et ce sourire réconfortant qui se voulait protecteur. J’avais envie de rire comme une folle, m’en faire exploser les orbites de démence, parce qu’il était pareil que ses trois copains qui le suivaient. Et je n’aurais même pas si vous dire lequel me souriait tant ils étaient pareils. Tous poissés de la même superficialité, tous englués dans le même succès, tous dégoulinant d’ambition et de prétention mal placée. Place toi dos à moi, que je te poignarde tes espoirs dans le noir, place toi derrière moi, défonce moi en silence, de la drogue, et que coulent ces envies de sexe dans mes veines difformes.

Eux et moi, on se tenait sur un ring. Seulement eux, ils ne le savaient pas. Et c’est comme ça que tout a commencé. Dans ce regard qui puait la merde. Comme le ciel.

Unendlichkeit

Dans la foule de voyageurs, ils ont disparu, comme ça, sans rien dire, en me laissant juste un regard désert, une respiration qui ne me rendra pas mon souffle. J’ai jeté ça dans la casquette qui gisait devant moi entre deux pièces de cuivre, une tache de sang et quelques fleurs en train de faner. La toux est passé, je ne savais même pas pourquoi elle était venue, sans doute pour me dire de me calmer sur les cigarettes. Sûrement oui. Alors je me suis roulé un joint à fumer à la sortie du métro et j’ai allumé une clope à m’écraser dans les yeux. Autant vous avertir tout de suite je ne vis qu’en écoutant un seul dicton. Celui qu’on criait sur les toits en 1968, celui qui a désillusionné la France. Métro, boulot, dodo. Oubliez le boulot. Je carbure au métro, bédo, dodo. Jugez moi si ça vous amuse étant donné que vous ne savez faire que ça, jugez moi, encore et encore, puisque je me nourris de votre pitié et de votre haine. Celle que vous retenez. Oh oui, je me nourris de votre faiblesse à tous et si vous savez comme c’est jouissif. De voir vos visages trop maquillés se tordre de dégout quand vous me trouvez arrachée dans un caniveau.

Je me plante des cigarettes dans les poumons et des lames dans la chair, et bordel que j’en souffre. Oui, comme j’en souffre que ça ne fasse jamais assez mal. Comme je souffre de ne jamais avoir mal, je suis en complet décalage avec votre soleil, je lèche les plaies que ce monde qui tourne trop vite a oublié de me guérir. Je me laisse lécher par les spectres de vos folies, je me saccage, encore, jusqu’à la déliquescence, mais devant mes yeux rien ne change, le paysage reste abandonné, comme la solitude d’un cœur, puisque je n’ai pas mal.

Rien ne change.

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Kimaugen
Lumière
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Kimaugen


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Localisation : Ici, je campe. x)

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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeMar 6 Nov - 21:10

Spoiler:

C'est sublime. Bordel j'ai pas d'autre mots.
c'est dégueulasse mais qu'est-ce que c'est bon.

Donne moi la suite, au lieu d'un joint.

<3
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Heaven
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Heaven


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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeMar 6 Nov - 21:49

Et voila.
désolée j'aurais vraiment voulu laisser un commentaire. Jy réfléchis depuis ce midi tu sais? mais non, ya rien à faire je suis hypnotisée devant cette histoire et la façon dont elle est écrite. C'est tout bonnement incroyable. Ce qui est très incroyable aussi, c'est à quel point elle me correspond. Je n'en reviens toujours pas.

gros coup de coeur <3
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Luo
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Luo


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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeMer 7 Nov - 1:18

Tes désirs font désordre ma Lune <3.
Oh Heaven, ça m'fait tellement plaisir que ça t'plaise. Merci beaucoup.




Je suis sortie de la gare quelques minutes après, je respirais enfin normalement et même si des centaines de gouttes d’acide sulfurique me brûlaient la peau, c’était comme si un soleil entier avait allumé un braiser d’espoir en moi. Oh, détrompez vous, dans ce monde là, de l’espoir on n’en a jamais vraiment, on crache dessus même la plupart du temps, c’est tellement bon de se sentir seul au monde au fin fond de son lit, au fin fond de son existence. Les mains dans les poches, parce que je n’aime pas me rattraper quand je tombe j’enchaine les rames de métro jusqu’à la gare d’Austerlitz. Oui, encore une gare, pour rêver les départs que je n’aurais jamais envie de faire. Et puis, mes yeux encore déchainés dans leurs orbites ont été attirés par une pancarte verte kaki devant laquelle gloussaient deux gamines qui étaient en train de vivre leur premier orgasme en direct live devant ces quatre – belles ? – gueules qui se prenaient pour les reines du monde. Et là, encore une fois, j’ai été prise d’un besoin de rire aussi vital que celui de respirer. Parce que ces quatre garçons je les reconnaissais, parce que le petit là, tout au fond, avait le même regard vide que tout à l’heure à la gare. Et je riais.

Loser

Quand les deux gamines sont parties je n’ai pas pu me retenir. Alors j’ai explosé de rire, ce n’était pas vraiment un rire de joie, loin de là, c’était un rire de folle. Je riais parce que je les haïssais ces quatre garçons, je haïssais leur célébrité, le fait que leurs tronches soient retouchées sur cette affiche, je haïssais leur sourires qu’ils n’adressaient à personne, ce regard qui voulait dire « On mange le monde quand on veut » alors que moi, je n’avais qu’un morceau de pain mouillé à manger. Je ne les connaissais pas mais je m’en foutais, je les haïssais et j’en riais. Sans m’arrêter. A en oublier de respirer. C’était comme la toux de tout à l’heure, mes côtes qui se heurtent les unes contre les autres et ma respiration qui se bloque dans ma gorge. Mourir de rire. C’est exactement ça.

- Mon Dieu, regarde moi cette folle.
- Ne fais pas attention à elle, avance !


Oui, avance, avance, fais le mouton toi que je ne connais pas. Je suis folle mais ce n’est pas Dieu que tu dois appeler parce que même si je suis effondrée par terre ce n’est pas devant lui que je m’agenouille, implore Dieu si tu veux, mais personne ne viendra me sauver. Je vous ai toujours donné le meilleur en gardant le pire pour moi. Maintenant je me délecte de mon horreur, couchée par terre, à rire comme une désaxée. Les pupilles qui roulent dans les orbites, les métro qui roulent, je me roule par terre, Nolan m’attend en roulant un joint, la Terre roule, comme une bille, celles qui roulent dans mes yeux. Suis-je folle ? Oh oui je le suis. Et je ris, j’en ris.

Regarde cette folle, elle rit.
Regarde cette folle, elle bave.
Regarde cette folle, elle ne respire plus.

Invincible

Et je continuais de rire, allongée le long du mur, le nez dans la poussière, dans les mégots les miettes de tabac, les merdes de chien, je riais, peut-être que j’en bouffais un peu de tout ça, mais peu importe, puisque je riais. Quand je me suis calmée la nuit était tombée, j’ai allumée une cigarette, histoire d’y voir quelque chose et je suis rentrée dans mon terrain vague, juste en dessous de la gare. Avec le métro qui te passes sur la tête toutes les trois minutes. D’ailleurs, je ne m’étonnes plus de voir Nolan se mettre à genoux toutes les trois minutes et joindre ses mains en appelant quelqu’un qui ne viendra jamais ici. Dieu nous as oublié depuis longtemps. Et j’ai compris que Nolan priait pour qu’un jour le métro déraille, et lui tombe sur la tête.

Le métro est passé, un bruit de fou est venu me posséder toute entière, j’en vibrais à l’intérieur, j’en mourrais depuis toujours. Sous les rails, sniffant un rail de coke, les mains lâchées, y avait une ombre, Nolan priait, mais le métro était déjà passé.

- Ca sert à rien. Allez viens.
- J’arrive dans trois minutes.
- Le temps d’un autre rail.
- Duquel tu parles ?
- Des deux.
- Alors oui, le temps d’un rail.


J’ai voulu aller me coucher, mais dans mon lit, oui ce matelas défoncé c’est mon lit, il y avait déjà Swan qui dormait le pouce dans la bouche. J’ai pas vraiment cherché à savoir pourquoi il ‘était pas dans son lit, j’ai pas cherché à savoir comment ça se faisait qu’il n’était pas encore mort, je suis juste sortie, je me suis allongée par terre, une cigarette entre les lèvres, les bras croisés derrière la tête, j’ai essayé de m’endormir, mais je crois que j’ai simplement péri d’un mal trop profond. Au-dessus de moi y avait pas d’étoiles, c’est comme ça dans les grandes villes. Mais au loin l’ombre de Nolan prie encore et me dit qu’au moins, il y a la lune.
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Robyne
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Robyne


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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeSam 10 Nov - 15:35

Pas d'étoiles au-dessus de Belle... Pourtant, y en a pleins au bout de tes doigts.

Hey, dis, j'peux m'repayer un tour gratuit ici... ? Tourne le désespoir dans un manège de vengeance...
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lubreizh
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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitimeDim 9 Déc - 19:18

c'est vraiment bien. Franchement, j'adore. continue comme ça
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MessageSujet: Re: [TH - En cours] Les papillons de nuit.   [TH - En cours] Les papillons de nuit. Icon_minitime

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