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 La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]

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Robyne
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MessageSujet: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeSam 10 Nov - 0:04

J'm'installe, hein... Toujours pour la même personne <3



Elle s'appelle Joan.
Petite orpheline anglaise qui a échoué par hasard en Allemagne. La DDAS ne fait pas toujours bien son boulot. Mais elle s'en fout pas mal. Surtout maintenant, à deux semaines de quitter l'orphelinat et le ballottage des familles d'accueil. D'ailleurs, aucune n'avait voulu d'elle assez longtemps pour qu'elle puisse s'attacher à ces anonymes.
Elle s'appelle Joan.
Elle n'a jamais été très forte à l'école. Trop distraite, selon ses professeurs. Elle devrait un peu plus sortir de sa bulle et faire attention aux cours. Mais eux, ils ne savaient pas qu'au contraire, ses pensées étaient tout à fait remplies. Avec trop d'espoirs. Et de vies.
Elle s'appelle Joan.
Elle va bientôt avoir dix-huit ans. Comme pour elle, l'orphelinat, c'est presque fini, elle s'est déjà dégoté un appart'. Tout petit. Sous les toits. Juste de quoi vivre entre son lit et sa mini-cuisine. Pas besoin de plus.
Elle s'appelle Joan.
Elle a jamais su se faire des amis. Elle est trop froide et mystérieuse, c'est c'que disent les autres. Mais ils mentent. Pour se trouver une excuse. Parce qu'en vrai, ils ont peur de la profondeur de ses yeux. Ils ont peur de se perdre dans l'immensité de son regard azur. Comme le ciel. Et la mer.
Elle s'appelle Joan.
C'est vrai qu'elle aime pas trop les gens. Elle a que deux véritables amies : la Danse et la Musique. Elles l'ont jamais abandonnée, contrairement au monde qui l'entoure. Parce qu'elles sont fidèles et ne mentent jamais. Elles savent pas c'que c'est l'mensonge.
Elle s'appelle Joan.
Aujourd'hui, à deux s'maines de la majorité, elle se balade, sa guitare sur le dos, pour faire vivre et danser la Musique. Elle chante pour embellir le monde sali qui l'entoure. Parce qu'elle veut voir. Parce qu'elle veut respirer. Parce qu'elle aime la pureté d'un accord.
Elle s'appelle Joan.
Elle, elle est loin d'être aussi pure que les accords qu'elle fait naître. Pour payer l'appart', faire la manche suffit pas. Alors elle danse. Pas comme elle voudrait, mais elle danse. Bien obligée. Il faut parfois se détruire pour mieux reconstruire.
Elle s'appelle Joan.
Elle traîne derrière elle une vie fatiguée. Mais elle est forte. Alors elle se bat contre ses fantômes. C'est pas toujours facile, mais elle fait face. Parce que, quoiqu'en disent ceux qui pensent pouvoir la juger, elle ressent quelque chose. Dans son coeur fragile. Derrière ses murailles.
Elle s'appelle Joan.
Elle est plutôt jolie. Ni trop grande, ni trop petite. Son corps plaît, elle le sait. Ses longs cheveux noirs descendent bas dans son dos. Comme une crinière soyeuse. Parce qu'elle est un cheval fou. Qui aime ruer dans les brancards. Qui aime la liberté.
Elle s'appelle Joan.
Elle se chante une vie. En entretenant un morceau de rêve. Parce que la nuit, quand elle regarde les étoiles, elle se dit qu'elle aimerait les atteindre. Et elle est sûre que la Musique peut construire le pont qui pourra le lui permettre.
Joan est sans doute trop rêveuse. Mais c'est pas interdit par la loi.
Le monde est moche.
Elle veut juste le rêver meilleur.
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Luo
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeSam 10 Nov - 0:27

Aaaaaaah !! Elle est là. Tu es là.
Et mon coeur s'emballe.
Hâte, hâte de replonger dans cette histoire, dans son monde, et dans tes mots.
<3
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Robyne
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeDim 11 Nov - 20:53

- Nom ?
- Joan.
- C’est ton pseudonyme ?
- On va dire que oui.
- T’amènes quoi ?
- Ma guitare et ma voix.
- OK. T’as le numéro 122. Va en coulisse, à ta gauche et attends qu’on t’appelle. Bonne chance.
- Merci.
Routine implacable.
Depuis un an, Joan courait les castings. Enfin, courir n’est pas le mot adapté. Elle y allait tranquille. Le stress, elle connaissait pas. Si elle devait réussir, elle réussirait. Sinon, tant pis, c’était toujours une bonne expérience de prise.
Et puis, c’était pas vraiment des castings. Plutôt des entretiens d’embauche. Pour des bars, des petits cabarets ou des studios. Guitariste, c’est pas mal recherché. Mais garçon, c’est mieux. Parce que fille, ça apporte que des emmerdes. ‘Faut pas chercher, philosophie du « milieu ».
Mais Joan, elle, elle continuait. Parce qu’elle était persuadée d’y arriver un jour. Quelque serait le moyen. Même si par le talent, c’est plus glorieux.
Alors, elle se tient dans les coulisses et attend son tour, sa guitare à la main. Comme tout les autres.
Sa guitare, elle l’aimait. Une Les Paul. Noire. Comme celle de Jimmy Page. Son héros. Sept années d’argent de poche et de petits boulots y étaient passées. Mais merde, elle était heureuse de l’avoir. Parce que c’était une putain de classe qu’elle avait, cette gratte. C’était la seule chose à laquelle elle était vraiment attachée. Encore plus que son propre corps.
- 122 !
Elle s’avance sur la scène. Mal éclairée. Pas comme une rock star. Pas encore.
- Vous vous appelez ?
- Joan.
- Et vous nous interprétez ?
- Wonderwall.
- Nous vous écoutons.
Elle se pose sur le tabouret, devant le micro.
Et elle joue. La seule chose qu’elle sait vraiment bien faire, à part chanter et danser. La Musique est la seule chose qui lui importe dans ce monde.
Elle a appris à jouer sur une vieille guitare de l’orphelinat. Elle passait ses nuits avec cet instrument, grattant jusqu’à s’en défoncer les doigts. Parce que c’est une bonne douleur. Une douleur de bonheur. La même qu’ont les étoiles quand elles explosent d’avoir trop brillé.
Les yeux fermés, elle joue. Parce que la Musique, elle sort par ses doigts, et que si elle garde les yeux ouverts, elle sortira par ses larmes.
Mais Joan, elle pleure pas. Jamais. Elle pleurait avant. Mais elle veut plus. Alors, ‘y a que son cœur qui pleure, maintenant. C’est comme ça.
Les vibrations de ses cordes rentrent jusque dans ses tripes, alors elle chante. Emotion. Chaque fois, c’est pareil, elle peut pas s’en empêcher. Elle chante pas extrêmement bien. Sa voix n’est pas forcément belle. Mais elle est vraie. Et elle aime jouer sur les accords.
Rien qu’une chanson. C’est déjà fini. Pas d’applaudissements. Ca se fait pas.
- Merci, nous vous recontacterons.
Elle descend de la scène et retourne dans les loges.
Une scène de plus. Toujours sans public.
Mais son rêve est pas loin. Elle le sait. Et elle y arrivera. Quelque soit le moyen.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeLun 12 Nov - 0:46

Si y a un public. Y a moi.
Et je l'écouterai autant qu'il faudra.
Toujours toujours.
Tout comme je m'accroche à toi et à cette merveilleuse histoire.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeLun 12 Nov - 20:14

T'es la seule lectrice, Grande soeur... Mais c'est pas grave, t'es la plus importante... ^^



En s'asseyant sur son banc, Joan fait le vide. Elle pose sa guitare à côté d'elle et regarde passer les gens et le temps. Ou bien, elle allume une de ces cigarettes noires qu'elle affectionne et renverse la tête en arrière pour regarder défiler les nuages.
Elle est un peu à part, Joan. Son monde fonctionne pas pareil que le nôtre. Il est plus contrasté. Où nous voyons du gris, elle, elle voit du noir et beaucoup de blanc. Et pour elle, nos couleurs fades sont sublimées.
Mais Joan, elle connaît aussi très bien notre monde. Et encore mieux notre Enfer. Mais elle veut pas y vivre. Parce que c'est moche. Alors elle le rêve Paradis.
Aujourd'hui, sur son banc, elle tire sur sa cigarette en regardant trois gamins jouer au foot. Et quand l'un d'eux se casse la figure, elle a aucune réaction. Joan n'a pas la fibre maternelle. Les gosses sont des personnes comme les autres, sauf qu'ils sont plus petits. De toutes façons, elle pourrait pas donner l'amour qu'elle a jamais reçu.
- Encore là ?
La voix vient de derrière elle. Elle se penche en arrière et répond au jeune homme qui lui sourit grand comme ça :
- Toujours là.
Il contourne le banc et vient s'asseoir à côté d'elle.
C'est Charlie. Son frère. Adoptif. Par la force des choses. Il s'était accroché à elle dès qu'elle avait débarqué dans son orphelinat, il y a treize ans.
Charlie, c'est son opposé. Ses beaux yeux profondément noirs étincèlent toujours de malice. Charlie, c'est la bonne humeur incarnée. Pas un rayon, mais le Soleil en entier du monde qui l'entoure. Avec ses cheveux en bataille et ses tâches de rousseur, il a l'air d'un grand gamin.
Charlie, il a quitté l'orphelinat depuis presqu'un an. Parce que, contrairement à Joan, il est né du bon côté de l'hiver. Il a travaillé dur pour gagner le fric nécessaire à une vie confortable. Il habite dans le centre, dans la circulation. Parce que Charlie, il aime les gens. Il a de la place pour deux dans son chez-lui, à ce qu'il dit. Parce que Charlie, il aime Joan.
Il l'a jamais dit à personne, pas même à son coeur. Mais ses yeux brillent encore plus quand il la regarde. Son visage rayonne. Ses gestes sont fébriles, mais plus calmes quand il est auprès d'elle. Et sa voix grave est encore plus douce quand il lui parle.
Tout le monde peut le voir cet amour tendre et sincère. Mais pas Joan. Parce qu'elle est une rêveuse maladroite. Et qu'elle croit en personne.
Alors Charlie veille sur elle, sans qu'elle le remarque. Amour platoniquement immense.
- Alors, cet entretien ?
- Rien de spécial.
- Tu continues ?
- Je trace ma route.
- Au risque d'insister, tu peux toujours venir habiter chez moi, si t'as pas assez d'fric.
- Non, Charlie.
- Pourquoi ?
- Tu me supporterais pas.
Il soupire. C'était toujours comme ça. Obstinément, Joan refuse. Et obstinément, elle s'enfonce. Toute seule.
- Tu travailles, ce soir ?
- Oui.
Il tique.
- Tu devrais pas faire ça.
- Je sais.
Charlie n'aime pas le travail de Joan. Il en dort pas parfois, tellement ça le dégoûte. Il sait bien qu'elle aime pas ça non plus. Alors il comprend pas pourquoi elle essaye pas autre chose. Et ça le ronge plus qu'elle.
Il la regarde sortir une deuxième clope, les sourcils froncés. Ca non plus, il aime pas. Charlie ne boit pas, ne fume pas, ni ne se drogue. Il est l'opposé complet de Joan. Mais depuis treize ans qu'il la protège, il ne s'acharne jamais contre elle. Et il lui en veut jamais.
- Princesse ?
- Mmm... ?
- Tu m'joues quelque chose ?
- Bien sûr.
Et elle sort sa guitare, pour lui jouer ce qu'il veut.
Surnom d'enfance qu'il a gardé pour elle. Il n'était pas le prince charmant. D'ailleurs, le surnom ne venait pas d'un jeu. Charlie et Joan n'avaient jamais joué. Eux, ils courraient dans les rues jusqu'à ce qu'ils n'aient plus qu'un souffle. Eux, ils s'allongeaient dans l'herbe du parc pour compter les nuages. Eux, ils montaient sur le toit de l'orphelinat pour regarder le Soleil se lever.
Et la nuit, comme sur leur banc, Joan lui jouait de la guitare alors qu'il inventait les constellations.
Et quand elle jouait, les Etoiles dansaient au-dessus d'elle, comme une poussière magique. Elle devenait princesse et souriait à la vie.
Parce que Joan, ce qu'elle voyait pas, c'est que quand elle jouait pour Charlie, sa Musique était plus belle.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMar 13 Nov - 15:46

Bordel que j'aime.
J'crois que je me lasserai jamais de lire cette histoire. Des fois j'me retrouve dans les notes de Joan, dans ses blessures et sa solitude.
Tes mots sont magiques, et quoi qu'ils arrivent , ils m'font sourire.
Sans cesse.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMar 13 Nov - 19:51

T'es bête...
Mais j't'aime. Alors c'est pas grave. ^^

Et pis d'abord, t'es toute seule, alors je vais continuer que pour toi.
Comme ça, elle sera encore plus pour toi, c'te fic.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMar 13 Nov - 19:56

Un club. Des projecteurs. Une scène. Des danseuses. Mais pas des danseuses en robes de tulle qui font rêver les petites filles. Ces danseuses-là se découvrent. Et se dénudent parfois complètement.
C’est là qu’elle travaille, Joan. Là qu’elle perd peu à peu le peu d’innocence qu’elle avait et a très vite découvert tous les vices du monde. Et c’est là que Joan s’est perdue.
Devant son miroir illuminé, elle se peint un visage. Le fard à paupières pailleté, les cils épaissis de mascara noir et les lèvres gonflées par un effet de couleurs.
Ce n’est pas elle. Joan est à la porte du club. Et elle attend que sa doublure ressorte pour être entière. Ou du moins en avoir l’illusion.
Joan se déshabille quatre fois par semaine. Et elle doit être la seule des filles à ne faire que ça. Le club est dit de streap, mais les clients savent bien ce qu’ils viennent y chercher. Que des clients de luxe. Les prix sont élevés. Le salaire des filles aussi.
Joan n’a eût que deux danses, ce soir. Elle n’a plus qu’à se changer, récupérer sa guitare qui dort dans son casier et rentrer à l’orphelinat avant le couvre-feu. Stupides règles qu’elle allait bientôt foutre en l’air.
- Robine !
Joan se retourne. Son patron se ramène, pose son bras sur le dossier de sa chaise et se penche tout contre son oreille.
- Un client veut une danse privée.
- Non.
- Oh, si, tu vas y aller. On ne refuse rien à ce genre de personne.
- Je m’en fous. J’y vais pas.
Alors qu’elle s’apprête à prendre son démaquillant, il la saisit par le poignet et la tourne vers lui sans ménagement.
- Tu vas y aller. Sinon, je te vire.
Elle lui lance un regard noir et finit par se lever.
- Je danse, c’est tout.
- Mais oui, fais ta prude.
Elle s’éloigne vers les salons privés et il lance dans son dos :
- Tu finiras bien comme les autres !
Elle le hait, ce vieux con. Bedonnant, dans son costume trois pièces, il se croit les pleins pouvoirs. Mais il paye bien. Alors elle reste.
Elle entre dans le salon de cette fameuse célébrité. Ils sont trois. Une autre fille est déjà là. Elle connaît le mec qui se rince l’œil sur le canapé. Comme tous les allemands.
Parce que c’est Tom Kaulitz.
Ce guitariste aux dreads cachées sous une casquette à qui on prête une réputation de tombeur invétéré. Ce guitariste célèbre dans l’Europe entière qui a sûrement pris un sacré melon ces dernières années. Ce guitariste au regard envoûtant auquel on n’arrête pas de la comparer sous prétexte qu’elle s’est fournie chez Gibson. Ce guitariste qui, en la voyant arriver hausse un sourcil appréciateur, un sourire aux lèvres.
Joan lui lance à peine un regard et elle se met à danser. D’abord avec sa collègue, puis seule. Et quand enfin, elle s’approche de lui, il passe sa main dans sa nuque et l’attire pour lui souffler :
- Tu me plais.
Elle s’écarte et le repousse pour s’asseoir à califourchon sur ses genoux.
- Ah ouais ?
Les mains du musicien remontent le long de son dos, puis reviennent entourer ses hanches.
- C’est quoi, ton nom ?
- Robine.
- Tu veux une augmentation, Robine… ?
Elle se penche vers lui et effleure ses lèvres avant de murmurer :
- Désolé, beau gosse, je suis pas une pute.
Et elle se lève, le laisse glisser un billet dans son soutien-gorge et s’en va. La danse est terminée. Son boulot aussi. Célébrité ou pas.
Tout comme succès ou pas, elle se vendra pas.
Devant son miroir illuminé, Joan redevient elle-même. Dans son vestiaire, elle récupère son long manteau de cuir noir et sa guitare, bien à l’abri dans son étui. Elle passe par le bureau du comptable, toucher sa paye du soir et sort dans la nuit froide en resserrant son écharpe sur sa gorge.
Une voiture noire aux vitres tintées attend devant le club. Alors qu’elle passe devant, la fenêtre se baisse lentement. Une casquette et des lunettes noires apparaissent derrière.
Elle sourit. Et s’arrête.
- Tu montes ?, lui demande Tom.
- Et pourquoi j’ferais ça ?
- Parce que je suis irrésistible.
Il enlève ses lunettes et désigne sa guitare du menton.
- T’es guitariste ?
- Non, j’emporte juste une guitare pour le style.
Il sourit.
- C’est quoi, ton nom ?
Elle se penche et appuie ses coudes sur la portière.
- J’te l’ai déjà dit, beau gosse.
- Non, pas celui-là.
- Le vrai te regarde pas.
- Alors, tu te décides à monter ?
- Ca aussi, j’te l’ai déjà dit. Je suis pas une pute.
Son sourire s’élargit.
- Qui t’a dit que j’allais te payer… ?
Joan le regarde dans les yeux, s’y plonge et n’en ressort pas. Pas avant de se redresser, ouvrir la portière et s’engouffrer dans la voiture.
La vitre remonte.
Joan n’a jamais connu aucun homme.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMar 13 Nov - 21:28

Oh je suis contente que ça soit juste pour moi n__n.
J'l'aime tellement cette fic, j'aurais aimé que Joan soit pote avec Flash.
Elles auraient fait un sacré duo ^^.
Tom débarque, j'm'en barque avec eux, avec toi, et que la galère commence.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMar 13 Nov - 21:31

Tellement proches, Joan et Flash...
Vais-je tenir la galère... ?
Que toi, tu sois toujours là me rassure.

Flash modèle de Joan, en quelque sorte.
Camille modèle de Robyne, pour sûr. Une des rares personnes à qui je pense quand je chante.

<3
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeJeu 15 Nov - 13:48

Wow.
Ca me va droit au coeur ce que tu dis là.
Wow.
Voila, j'suis incapable de dire quoi que se soit d'autre.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeJeu 15 Nov - 19:10

Alors ne dis rien. Reste là, avec moi, c'est tout.



Des lèvres avides de la peau de l’autre. Des mains pressantes, glissées sous les vêtements superflus. Des doigts caressants, dessinant des arabesques sur les corps soudés. Un désir malsain entre deux êtres qui ne se connaissent même pas, qui ne s’aiment même pas. Un désir brûlant entre elle et lui, sans savoir pourquoi, ni comment. Ils se retrouvent dans le noir, se découvrant en se cherchant. Agonie des pensées, paroxysme des sens qui se mêlent. Des souffles haletant dans le silence, tus par leurs gémissements, plaintes de luxure. Et toujours cette passion, cet instinct qui les pousse à ne plus réfléchir, oublier le reste, complètement obnubilés par l’autre. Jubilation, extase. Aucune conséquence, juste eux deux. Une rencontre de plus pour lui, la première pour elle. Partenaires d’une nuit, ils peuvent bien s’oublier au matin.
Joan n’avait pas prévu de se faire aimer par un inconnu pour une première fois. Elle n’avait pas prévu de se faire aimer du tout. Mais elle n’avait rien contrôlé ce soir. Elle ne savait pas encore très bien ce qui l’avait poussée à monter dans cette voiture. Ni ce qui l’avait poussée à se laisser offrir ce paradis douloureux. Elle avait juste ressenti une attraction étrange. Elle ne l’avait pas désiré, non, ni aimé. C’était bien au-delà. Un besoin sublimé. Un feu ardent à apaiser.
Joan avait plu à Tom. Dès qu’elle était apparue sur scène. Bien avant que ses vêtements ne dévoilent peu à peu sa peau au grain velouté et ses formes exquises. Il l’avait voulue dès qu’elle était entrée dans le salon privé. Elle n’en était qu’une de plus. Mais il avait eu besoin de la sentir sous lui, d’exercer son pouvoir sur elle. La dominer. Ses grands yeux bleus, si profonds, si expressifs, troublés dans leur corps à corps, ne s’étaient jamais fermés. Hypnotisants, il ne les avait pas quittés, ne détournant les siens que pour permettre à ses lèvres de partir à la découverte de cette peau, ce corps, magnifiques. Il ne l’aimait pas. Mais elle n’était pas comme les autres. Il avait aimé lui faire l’amour.
Perdus chacun de leur côté du lit ravagé, ils reprennent leur souffle. Tom, insensiblement blasé, ne pense pas à dormir, peut-être à recommencer. Joan, encore frémissante, tend le bras pour empoigner son long manteau de cuir. Et elle en sort son paquet et son briquet. Bref éclat dans le noir, un filet s’échappe de ses lèvres, alors que la lueur rougeoyante du bâton de nicotine persiste.
- Tu fumes ?, demande-t-il, inutilement.
Elle ne répond pas. Il se redresse et ramène le drap froissé, marqué du jeu de leurs corps, sur ses jambes.
- T’étais vierge.
Pas une question, une constatation.
- Mais c’est pas la première fois que tu sautes une vierge.
- Non.
- Quel est le problème, alors ?
- Aucun, j’essaye de faire la conversation.
Alors qu’elle se couvre à son tour, il lui prend sa cigarette et tire dessus. Avant de recracher aussi sec.
- C’est quoi, ça ? Elle est dégueulasse, ta clope !
- C’est pas pour n’importe qui, beau gosse.
La clope retrouve ses lèvres et la fumée parfumée, ses poumons. Dans le silence, elle le sent impatient. Elle ne voit pas ses yeux, mais les devine avides. Elle n’est pas contre. Bien au contraire. Simplement…
- Laisse-moi finir ma clope.
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J'suis la.
Et j'bouge pas.
J'tombe amoureuse de Joan a chaque brin de fumée qu'elle recrache, à chaque pas qu'elle fait, à chaque note qu'elle joue.
C'est un truc de fou.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeLun 19 Nov - 16:38

Petite musicienne, petite soeur de mon coeur ...
Dis, tu me mets la suite ? ^^
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Robyne
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeLun 19 Nov - 18:16

Ils n’avaient pas dormi ensemble.
Les couples restent ensemble toute la nuit.
Les gens comme Joan et Tom se font du bien jusqu’à s’épuiser et se séparent sans pincement au cœur, peine, ni sensation d’être déjà en manque. Non, parce que, jamais deux sans trois, ils avaient mis fin au combat avant de perdre complètement leur souffle. Et Joan, après que son cœur ait retrouvé un rythme normal et que ses sens furent calmés, s’était levée, les jambes agréablement engourdies. Elle avait rejoint la salle de bain et pris une douche, lavant ainsi sa peau poissée par leur deux corps, qui prit quelques couleurs en divers endroits. Tom avait laissé son empreinte à volonté. Puis elle s’était habillée et, silencieuse, avait attrapé son manteau pour s’en vêtir et y glisser son paquet abandonné sur la table de nuit. Elle avait regardé le jeune homme se lever et passer un pantalon en allumant une cigarette parfum cerise. Sa guitare retrouvée, il l’avait raccompagnée jusqu’à la porte pour lui mordiller l’oreille en y glissant :
- Bonne nuit, ma belle…
Elle avait glissé la main sous l’élastique de son boxer pour le faire frissonner, puis s’était écartée et avait disparu à l’angle du couloir.
Pas d’ « au revoir », ni d’ « à bientôt », ils ne se reverraient pas. Telle était la règle du jeu. L’éphémère exacerbe le plaisir.
L’aube ne tarderait pas, Joan ne peut plus rentrer à l’orphelinat. Même si on ne lui pose plus de questions, elle ne peut pas rentrer au petit jour.
Alors, elle finit sa clope en marchant le long des rues endormies. Elle aime la nuit et ses dangers, Joan. Elle les expérimente depuis si longtemps qu’elle les connaît mieux que personne et n’en a plus aucune peur. Joan a grandi dans ces rues, plutôt qu’à l’orphelinat ou à l’école. Elle connaît bien toutes ces personnes qui errent comme des âmes en peine, sous les étoiles. Certains l’apprécient, d’autres non. Petite fille qui sourit beaucoup, mais ne rit jamais. Elle leur parle, leur joue de la guitare et les comprend presque.
Et celle qu’elle connaît le mieux, c’est Svenja. Son dealer. Une gamine de 27 ans. Elles se haïssent cordialement. Autant qu’elles se haïssent elles-mêmes. Puisque Svenja est la projection de Joan dans l’avenir, si ses rêves ne se réalisent pas. Orpheline, chanteuse, streap-teaseuse, droguée, prostituée, dealer, SDF, décadence poussée jusqu’au bout. Elles se voient une fois par mois pour affaire. Le reste du temps, elles se devinent, se jaugent et s’affrontent dans leurs délires.
Joan regarde sa montre. Il est presque l’heure. Le jour est en train de se lever. Il faut qu’elle se trouve un endroit. Elle n’est pas loin du sien. Alors elle rejoint son banc.
Il n’y a personne dans le parc, bien sûr. Et c’est pour ça qu’elle peut faire ça ici. Pêché d’une vie qui ne peut plus les compter.
Joan ôte son manteau, s’assoit et remonte sa manche. Elle a appris à faire les garrots grâce à Charlie, futur médecin. S’il savait à quoi cette connaissance lui sert, il piquerait une de ces colères froides dont il a le secret. Dans l’étui de sa guitare, une petite mallette a sa place réservée. Elle cache la libération de Joan. Libération qu’elle fait fondre directement dans la seringue avec la flamme de son briquet. Libération qu’elle s’injecte dans le corps par sa veine ressortie.
Et Joan part. Loin.
Et dans son trip, les Etoiles sont plus belles. Le Soleil plus brillant. La Pluie plus froide. Les Arc-en-ciel plus grands. La Lune plus blonde.
Parce Joan ne sait plus rêver par elle-même. Elle ne sait plus depuis que Charlie a quitté l’orphelinat et l’a abandonnée. Depuis que le « princesse » sonne amer dans sa bouche. Depuis que Svenja est rentrée dans sa vie. Depuis que son trip lui a montré les plus belles vies et les plus belles morts.
Joan ne rêve que par procuration. Par la saloperie dont elle se souille tous les matins.
Ses yeux se ferment lorsqu’elle enlève son garrot. Ils se ferment et son corps retrouve les sensations passées d’une heure à peine.
Ce qu’elle a fait cette nuit ne mérite pas d’être oublié. Elle ne le regrette pas.
Mais elle fuit quand même. Parce que Joan est lâche.
Et que les lâches croient en des jours meilleurs, qui ne viennent pas et qui sont détruits par le monde réel.
Joan n’a jamais su bluffer, juste se mentir à elle-même.
Son trip est vide de pureté.
Comme son cœur.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeLun 19 Nov - 20:23

My God ...
Ce passage ... Mais ce passage bordel >.<
Tellement puissant que j'en ai du mal à respirer.
Bordel.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeMer 28 Nov - 21:31

Charlie porte la tasse de café à ses lèvres, mais aucun liquide amer ne glisse sur sa langue, si ce n’est les quelques gouttes froides qui restaient au fond. Il soupire, passe une main sur son visage et empoigne sa télécommande pour zapper sur son écran plat.
Il travaillait depuis l’âge de quatorze ans pour pouvoir se payer de bonnes études, dans lesquelles il s’était toujours donné à fond. Il avait décroché son bac à seize ans et avait ensuite croulé sous les bourses universitaires. Ses études de médecine sont ainsi largement subventionnées et il peut se permettre pas mal de folies. Un goût du luxe tout à fait naturel qu’ont toutes les personnes issues de milieux difficiles lorsqu’on leur en donne la possibilité.
Mais Charlie se contente d’une vie confortable.
Puisque la seule chose qu’il voudrait vraiment ne s’achète ni ne se possède.
Charlie est généreux de nature. Altruiste et incapable d’en vouloir à long terme. Devenir médecin pour sauver des vies est sa plus grande ambition. Il aurait les moyens d’aider le plus de gens possible dans le cadre de cette profession.
Mais la seule personne qu’il souhaiterait réellement pouvoir aider et voir cesser de s’enfoncer refuse la main qu’il lui tend.
Charlie aime les gens, leur sourit, les écoute, les réconforte parfois, sans rien demander aux autres. Et pourtant, on lui rend bien.
Mais le seul amour qu’il désire, il ne peut l’obtenir.
Parce que la femme qu’il aime est incapable de l’aimer en retour. Il croit même qu’elle ne sait pas ressentir quelconque amour pour qui que ce soit. Il voudrait la sauver. Il essaye de la sauver.
Mais il n’y arrive pas. Et il s’épuise. Et il a mal.
Les images défilent sur l’écran sans qu’il n’y fasse réellement attention.
Il sait que Joan n’est pas rentrée à l’orphelinat, ce soir. Et il n’aime pas ça. Il n’a jamais aimé ses escapades solitaires. Mais cette nuit, c’est encore pire. Un mauvais pressentiment lui serre le ventre. Quelque chose de grave, de différent, de plus fou est en train de se passer. Quelque chose qu’il ressent au plus profond de lui, comme un mal qui le rongerait. Quelque chose qui le vise directement au cœur. Et qui le blesse.
Et il ne peut s’empêcher d’avoir peur.
Charlie connaît bien Joan. Depuis qu’il a décidé de la protéger coûte que coûte. Il se souvient parfaitement du jour où elle est arrivée à l’orphelinat. Elle était passée par la case hôpital juste avant. Elle était encore couverte de bleus et de bandages. Ses longs cheveux d’encre encadraient sa fine silhouette, contrastant exceptionnellement avec son teint diaphane, marbré et caché.
Ils avaient cinq ans. Il était déjà amoureux d’elle. Amour de gosse qui persistait à grandir.
Il avait entendu que la petite anglaise était élevée par un père alcoolique qui n’avait cessé de la battre que lorsque leurs voisins avaient appelé la police. Son père emprisonné et remise de ses blessures, elle n’avait plus de famille. Elle avait donc échoué avec lui, dans un orphelinat de Berlin.
Aujourd’hui, ils étaient des adultes. Du moins, ils le devenaient aux yeux de la loi. Puisque, l’un comme l’autre, ils avaient perdu leur innocence trop tôt.
Charlie l’avait vu grandir et changée. Petite poupée de porcelaine devenue femme au teint doré. Les mêmes cheveux, les mêmes yeux incroyablement bleus. Elle devenait de plus en plus belle. Mais son cœur restait froid et inaccessible. Et son regard restait lointain et mystérieux. Car il sait aussi que Joan n’a jamais vraiment vécu dans notre monde, pas assez beau pour elle. Ou trop cruel. Il sait qu’elle n’a pas la force d’affronter la vie.
Elle lui cache encore tant de choses qu’il n’ose même pas imaginer. Son travail, ses cigarettes et ses rêves inaccessibles sont déjà suffisamment destructeurs. Même si elle, elle ne s’en rend pas compte.
Charlie avait vu Joan grandir. Et se détruire. Peu à peu. A cramer doucement sa vie, sans se soucier de ce qui pouvait se passer autour d’elle.
Et cette nuit, ses mains sont fébriles, son souffle brûlant et ses yeux perdus.
Il éteint la télévision.
Se torturer l’esprit ne lui sert à rien, mais il ne peut pas s’en empêcher. Il se passe quelque chose avec Joan. Il le sent, le sait, mais ne peut l’expliquer.
Alors il se ressert une tasse de café et envoie son reflet aux traits tirés se faire voir.
Charlie a mal. Et il s’épuise.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeDim 9 Déc - 20:52

- Un, deux, trois ! Un, deux, trois ! Ça traîne derrière ! Un, deux, trois ! Tirez bien vos pointes, les filles ! Et ses bras, bon sang ! Arrondis, les ports, légers !
Le chorégraphe soupire et d’un signe au pianiste, arrête la musique et les danseuses.
- OK, vous êtes crevées, on arrête pour aujourd’hui. Mais vous revenez demain et je veux que cette valse soit parfaite, vous entendez ? Par-faite. Allez, filez !
Il applaudit, imité par le groupe, selon la tradition. Alors que les danseuses disparaissent dans les coulisses, il lance :
- Minute ! Joan, tu restes !
Mais la jeune fille n’avait pas bougé, sachant pertinemment qu’Alexander la retiendrait après les enchaînements du corps de ballet.
Une fois toutes les filles parties, il monte sur scène et la rejoint.
- C’était très bien, dit-il, Comme d’habitude. Désolé de t’imposer les corps alors que…
- Pas de problème, t’en fais pas, le coupe-t-elle.
Il lui sourit.
Joan est le meilleur élément de sa compagnie. Un peu étrange, mais incontestablement la meilleure. Et elle le sait. Même si elle n’en tire aucun prestige ni ne prend personne de haut. Il l’aime beaucoup, parce que tout ce qu’elle ne parle pas, tout ce qu’elle ne rit pas, elle le met dans ses pas, ses sauts et ses tours. C’est la vie qu’elle porte en elle qu’elle danse. Il l’aime beaucoup parce qu’à chaque fois qu’il la regarde danser, la chair de poule lui court sur les bras et ses jambes tressaillent de vouloir l’accompagner.
- T’es assez échauffée ? Ca va aller ?
Elle lui sourit. C’est OK.
Elle aime bien Alex. A peine plus âgé qu’elle, mais déjà plus expérimenté que beaucoup de ses aînés. Et plus audacieux. Exigeant, mais juste, il l’avait repêchée de la petite école de danse à côté de l’orphelinat. Il l’avait mise sur scène et apprit à sourire plus. Ce n’est d’ailleurs que sur sa scène et dans ses chorégraphies qu’il lui était arrivé de rire. Une demi seconde. Jamais plus. Le rire devait lui faire peur.
- Bon, on commence simple, un saut, ça te va ?
Elle acquiesce.
- Diagonale : préparation, tombé-coupé, pas-de-bourré, glissade, grand jeté.
- A volonté ?
- Oui, mais ne te pète pas les chevilles toute de suite.
- T’inquiètes.
Elle va se placer, fond de scène, bras en préparation, pieds en cinquième, le dos placé, la tête haute. Parfaite. Comme d’habitude. Joan déteste les « à peu près », les esquisses, les brouillons. La Danse, c’est la beauté, la grâce. La perfection. Précision, équilibre, souplesse, rigueur et souffrance. Cinq mots à retenir pour être danseuse. Les quatre premiers s’acquièrent et riment avec travail. Le dernier se subit. Elle ne compte plus les bleus, les pieds si engourdis qu’on ne les sent plus, les muscles qui tirent, se déchirent parfois, mais qu’on continue quand même à solliciter, les chaussons teintés du rouge du sang nécessaire pour tenir les équilibres et les tours, les larmes, aussi. Combien de fois avait-elle eu les larmes aux yeux à cause de la douleur, la fatigue ou le courage qui s’effrite… ? Jamais elle ne s’était autorisée à les verser.
Les autres filles disent qu’elle a un don. Mais elle, elle sait que ce n’est que du travail. Enormément de travail. Et ce depuis qu’elle était toute petite. Elle n’a jamais pris la Danse comme un jeu.
Le pianiste égrène les accords et elle s’élance. Tombé-coupé, pas-de-bourré, glissade et grand jeté. Un, deux, trois et quatre. Les coulisses empêchent ses pieds de s’envoler plus loin. Elle s’arrête, quatrième croisée, face à Alex.
- Encore. Grand jeté en tournant, relevé en quatrième arabesque.
La musique court toujours. Alors elle repart. Et elle s’envole. Un tourné. La diagonale entière. Seules les limites de la scène la canalisent pour la retenir sur le sol. Et la voix d’Alex rythme ses sauts, corrige ses fautes inexistantes et les notes du piano suivent ses pas.
Elle danse.
Le jeune homme frappe dans ses mains. Le pianiste arrête net. Joan se plante au centre de la scène, toute droite. La poitrine se soulevant au rythme de son souffle accéléré. Le décolleté légèrement brillant et les joues rosies par l’effort.
- Bien. Adage.
Il esquisse les pas en lui donnant ses consignes.
- Fente quatrième, port de bras, tu prends l’espace pour toi… Pi… rouette !… Relevé… Attitude, grande promenade… Refermé cinquième… Rond de jaaaambe… Et tu tiens. OK ?
Pour toute réponse, elle se met en place. Il sourit, donne la musique et elle suit ses pas. Contrôlant chacun de ses mouvements. Allant au bout de ses pointes et au bout de ses doigts. Le souffle calme.
Fin de l’adage.
- Bien. Retire-moi toutes ces épaisseurs, prends tes pointes, on va commencer à s’y mettre vraiment.
Il descend de scène pour enfiler ses propres chaussons et elle ôte ses jambières de laine et son cache-cœur. En justaucorps noir, tout simple, elle attrape ses pointes assorties et les chausse. Alex revient auprès d’elle alors qu’elle finit de nouer les rubans de satin. Elle se redresse et les sourcils du danseur se froncent. Il lui prend le bras.
- C’est quoi ça ?
Le pli du coude est bleuté.
- Tu continues ?
Elle récupère son bras.
- Joan…
- On danse, Alex. Tu n’as rien à dire.
- Je pourrais te virer pour moins que ça.
- Tu ne le feras pas.
Il soupire.
- Je ne te couvrirais pas éternellement.
- Tant pis.
Joan écrase un morceau de colophane et en frotte le bout de ses chaussons, dont le tissu laisse apparaître le bois abîmé. Puis elle monte sur pointe et chauffe ses pieds en déambulant pour se rendre au centre de la scène. Alex la suit, se place derrière elle et la prend par la taille.
- Max, troisième mouvement, dit-il au pianiste.
Le piano chante et Alex fait tourner Joan.
Toutes les filles de la compagnie bavent d’envie de faire un pas de deux avec leur beau chorégraphe. Mais seule Joan en a le privilège. Parce que le niveau. Et le talent.
Et tandis qu’elle se laisse porter et que ses pas suivent ceux du blond, elle devient une autre personne. Son personnage. Amoureuse de l’homme avec lequel elle danse. Ce qu’elle ne parvient pas à ressentir, elle le mime parfaitement. Parce qu’elle a appris.
Elle le fuit, le rejoint. Le hait et l'aime.
Et tandis qu’il accompagne ses ports de bras et soutient ses arabesques, il sait que la seule confiance qu’elle peut accorder est celle qu’elle aura dans un partenaire. Et il se demande si, comme elle a appris à danser les sentiments, elle pourrait apprendre à aimer vraiment.
Pas lui. Mais ce jeune homme, qui vient la chercher après chaque cours, après chaque répétition. Ce jeune homme qui la regarde avec les yeux brillants.
Une danseuse doit avoir un cœur, ou elle ne peut pas danser. Celui de Joan est froid et blessé.
Ils s’arrêtent. La musique les nargue quelques instants avant de se taire à son tour.
Leurs souffles sont courts. La scène est striée du blanc déposé par les chaussons de Joan. Histoire racontée. Arabesques mystérieuses.
- Merci, souffle Alex.
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MessageSujet: Re: La vie n'est pas un conte de fée. [en cours, TH]   La vie n'est pas un conte de fée.   [en cours, TH] Icon_minitimeSam 22 Déc - 18:17

Son long manteau de cuir balancé sur les épaules, directement par-dessus son justaucorps, la guitare à la main et la cigarette aux lèvres, Joan s’échappe du théâtre par l’entrée des artistes. Ironie lorsqu’on pense qu’elle n’aspire qu’à en devenir une reconnue. Elle pourrait choisir la Danse, mais elle préfère la Musique. C’est comme ça.
La coccinelle noire de Charlie l’attend de l’autre côté de la rue. Etrange qu’il ne soit pas venu jusque dans la salle. Cette veille habitude qu’il a de venir la chercher après chaque cours ou répétition perdure, même avec son emploi du temps chargé. Il vient depuis toujours. Bien avant d’avoir son permis. L’excuse officielle était qu’il ne fallait pas laisser une gamine rentrer toute seule. Maintenant qu’elle n’est plus une gamine, il n’y a plus d’excuse. Mais toujours Charlie.
Gauche, droite, elle traverse et s’engouffre dans la voiture.
- Ta cigarette, lui lance jeune homme en guise de bonjour.
Elle laisse tomber son bâton sur le bitume et referme la portière. Il lui laisse le temps d’installer son instrument à l’arrière et d’attacher sa ceinture avant de faire ronronner son moteur.
- Tu n’es pas descendu, dit-elle après quelques minutes de silence.
- Non, j’fais un peu de fièvre, j’ai préféré n’pas sortir dans le froid.
Il baisse les yeux vers ses vêtements.
- En revanche, toi…
Elle ne dit rien, comme d’habitude et il soupire.
- Ca s’est bien passé ta répèt’ ?
- Aucun problème.
- Princesse ?
- Mmm… ?
- T’étais où, hier soir ?
Joan ne répond pas et appuie son front contre la vitre.
- L’orphelinat a appelé, continu Charlie, Tu n’es pas rentrée.
- Ils pourraient te foutre la paix.
- Ils pensent que je veille sur toi.
- Ils ont tort.
Charlie a une moue amère. Il ne pense pas que Joan fasse exprès d’être blessante dans certains de ses propos. L’idée qu’elle soit maladroite lui plaît bien plus. Mais en attendant, plus il se rapproche d’elle, plus il souffre. Et il ne peut plus s’échapper. C’est comme ça.
- Alors, où est-ce que t’étais ?
- J’sais plus. J’ai travaillé tard.
Les doigts du jeune homme se resserrent sur le volant. Joan voit bien ses jointures blanchir.
- Quand est-ce que tu vas te décider à l’quitter, cet emploi… ?, siffle-t-il.
- Charlie…
- Ça t’mène à quoi de faire ça, hein ?! T’as pas de dignité ou quoi ?!
Le regard noir, elle empoigne le frein à main et la voiture pile net. Les pneus de la voiture qui les suit crissent et la voix du conducteur leur parvient, mélodieusement formulée en injures.
- Mais t’es tar…
- Qu’est-ce que t’as, aujourd’hui ? T’es mal luné ?
Il la regarde dans les yeux. Ces yeux si vagues, si ailleurs d’habitude, soudain animés d’une lueur bien présente.
- J’ai rien du tout, finit-il par lâcher dans un soupir, J’ai mal dormi cette nuit, excuse-moi.
Il baisse le frein à main et redémarre sans un mot.
L’atmosphère de la voiture est sans doute plus glacée que celle de la ville, à l’extérieur. Charlie hausse le chauffage. Joan lui lance un regard en coin. C’est vrai qu’il n’a pas l’air bien. Pâle, le regard terne et les traits tirés.
- T’aurais pas dû v’nir m’chercher.
- Pourquoi ?
- T’aurais pas dû.
Il serre les dents.
- Tu m’saoûles, Joan.
La brune ne répond pas et laisse son regard se perdre derrière la vitre, sachant pertinemment qu’il a raison de lui en vouloir.
Elle sait bien que Charlie fait tout ce qu’il peut pour elle. Elle sait bien qu’il sacrifie son temps libre pour venir la voir. Elle sait bien qu’elle pourrait lui demander la lune et qu’il lui ramènerait les étoiles avec. Elle sait qu’elle donne l’impression de se servir de lui et qu’elle est égoïste. Mais elle lui a rien demandé. Elle a toujours tout fait pour qu’il ne se rapproche pas d’elle, qu’il ne s’attache pas à elle et qu’il ne souffre pas avec elle. Elle ne veut pas que sa vie balbutiante concerne Charlie.
Mais, surtout, ce qu’elle sait, mais qu’elle ne veut pas admettre, c’est qu’elle ne veut pas que Charlie sorte de sa vie.
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