[ Appréhension. Parce que j'ai ressorti ma palette de mots pour Toi. Et j'ai peur.]
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J’ai beau écouté à l’infini je n’entends plus les murmures de la vie qui enivrent. C’est pas faute d’avoir essayé. Alors, j’ai marché, j’ai couru, j’ai reculé, je me suis arrêtée. Et toujours ce Rien qui me mitraille. Je suis ici ou nul part et j’attends. Bien trop lasse pour lutter. Tous les jours répéter inlassablement le même scénario. Se lever, s’habiller, s’appliquer un masque bourré d’illusions et partir. Et ainsi, toute ma vie j’ai attendu. J’ai rêvé aussi, beaucoup trop.
Alors, aujourd’hui j’ai décidé d’abandonner, de capituler.
Et puis au bord de ma route tu m’as trouvé. Et tu m’as appris de ta façon bien à toi à me faire voir les couleurs où je ne voyais rien. De tes yeux tristes j’en ai fait un bouclier et je crois que rien ne pourrait plus me bouleverser que de voir tes larmes couler. Tu aurais pu être ma sœur. Celle qui tremble en dehors de chez elle, celle qui s’abandonne avec son violon. Cette fille, elle ne parle pas, elle chante. Cette fille elle n’utilise pas les mots, elle peins la vie. Cette fille c’est tout en quoi je ne croyais plus. Elle m’a tendu la main ou bien est ce moi. Allez savoir.
Et c’est en soignant ses silences que la cruauté du monde m’a fait si mal. Oui, ça m’a percuté d’un coup et j’aurais voulu tout faire, Tout juste pour que les cicatrices se fassent oublier. Et maintenant, maintenant je voudrais lui murmurer les plus belles choses de la vie, celles que je ne connais pas. La prendre dans mes bras et la serrer si fort. Fort, bien fort. Lui tendre la main et l’emmener là ou des sourires naissent des rêves. Grimper en haut d’une montagne et hurler
« J’emmerde le monde » et entendre l’écho répondre. Et cette fois entendre les éclats de rire qui envahissent la nature. S’en étourdir et vivre bordel. Oui, en vivre.
Comment expliquer, comment faire pour lui donner cette hargne pour que ses yeux se rallument. Sentir cette pointe de folie dans le bout de ses doigts à travers ses mots.
Lui dire, lui raconter que ses histoires, ses demi-mots c’est quelque chose qui n’existe qu’à travers elle, à jamais. Et que je voudrais bien moi aussi pouvoir jouer à saute moutons avec les nuages. La fille de Lune. Cette fille qui vient d’ailleurs. Cette fille qui a des chaînes autour des chevilles. Cette fille que la Terre a condamner à rester clouer au sol la journée. Trop jalousée par la mère Terre. Cette fille Lune a les yeux rivés au ciel, elle aimerait tellement s’envoler pour discuter avenir avec la voie lactée.
Cette fille c’est l’impensable, l’improbable. Une merveille. Une fille qui n’y arrive tout simplement plus. Et c’est là que j’aurais pu dire
« Vis ma belle, Vis pour Toi, Vis pour tes rêves qui meurent dans le fond de tes yeux. Vis à m’en faire éclater le cœur. Vis, prends mon souffle, ma force si il le faut. Vis et redonne à ce monde ce que toi seule tu peux lui apporter. Vis et j’en vivrais d’avantage. ».
C’est tout ce que j’aurais pu lui dire quand aujourd’hui elle m’a avoué que ça n’irait jamais.