[ Chut, c'est plus fort que moi ]
__________
Ce soir c’était un de ces soirs ou la lune prend un aspect inquiétant. L’air étouffait étrangement. Et les nuages voilaient les quelques étoiles de ce mois de septembre. Décidément tout avait de quoi glacer le sang et peut-être encore plus les sanglots étouffés que l’on pouvait entendre dans le coin d’une pièce sombre. C’était tout simplement terrifiant. Le silence se faisait impérieux et les yeux se détournent parce que visiblement cette image dérange. Mais comment passer outre de cette fille au visage bien trop pâle, les larmes qui martèlent le sol. Même la pendule a cessé son inlassable danse de tic tac.
Non, c’était un de ces soirs à vous faire oublier de vivre.
Tout semblait immobile, en attente. Voir l’Espoir apparaître entre deux de ses mèches de cheveux. Tout cela semble bien trop irréel, non elle ne peut pas jouer comme ça avec sa vie. Distribuer son mal toute seule dans le noir, c’est insensé. Aucun bruits et pourtant dans sa tête c’est un hurlement sans fin qui déchire son âme. Tout effacer. Elle semblerait presque s’amuser à faire saigner ses lèvres de ne pas vouloir hurler et ne plus en parler. Ce qui la détruit semble la ravir au plus au point. Elle est démoniaque les cheveux lui cachant la moitié du visage.
C’était un de ces soirs ou elle aurait voulu s’envoler.
Les minutes ne semblaient pas vouloir en finir et une voix étrangère ne cessait de la tourmenter. Les ailes brisées sous son nez, voilà ce qu’elle pleure sans fin. C’était tout ce qu’on ne pouvait imaginer. C’était ces trois ou quatre plumes qui n’ont pas voulu la porter. C’était le réconfort d’une froide nuit d’hiver sans des bras réconfortants, la main qui se tend lorsque les jambes s’écroulent sous le poids des maux. C’est ce qui s’est consumé parce que des yeux l’ont brûlé et elle ne veut rien y faire. Elle est folle. Mais de toute façon elle n’attend plus rien de toutes ces promesses en l’air.
C’était un de ces soirs destructeur.
De son mutisme elle déchire tout ce qui semble vouloir naître. Un gouffre l’emmène. Ne surtout pas la retenir. Les rayons de lune viennent la narguer à ces pieds. Et devant ses yeux, une photo, la photo, ses ailes brisées, son sourire anéantit ainsi que la douceur de ses mots. Elle a tout simplement voulu jouer avec le feu, se croire plus forte et invincible. Ressortir du placard, sous une tonne de poussière des vieux souvenirs que l’on croyait guérit.
C’était un de ces soirs ou elle l’aimait si fort, bien trop.
Son visage, elle ne l’avait pas oublié mais son expression figée sur le papier lui redonne des multitudes d’images. Et son corps ne peut plus suivre de toutes ces sensations oubliées. Elle a le mal de son parfum qui n’envahit plus la pièce, elle a le mal de son sourire qui illumine le sourire des autres, elle a le mal de lui. Une lueur inquiétante passe un bref instant dans son regard, elle pianote ses doigts fins sur le sol au rythme d’une de ses chansons. Et une larme glisse lentement le long de sa joue, pour finalement atterrir sur l’œil droit du jeune homme sur la photo.
C’était un de ces soirs ou on se retourne à la case départ.
Elle le déteste, c’est ça le problème. Puisque de toute façon ce n’était pas une solution. Ca ne devait être que passager, une histoire sans lendemain mais ça ne s’est passé comme prévu. Et ses couleurs ça fait longtemps qu’elle les a mis au placard. Jouer avec ses sens il n’avait pas le droit. Dompter la moindre de ses sauts d’humeurs, caresser de si près le bonheur, lui faire goûter à la douce sensation de ses mains sur son corps. C’était bien trop pour elle, elle ne connaissait pas tout ça. Et l’abandonner c’est un crime. Tout aurait du être différent mais elle, elle agonise de Lui.
C’était un de ces soirs ou elle aurait aimé l’avoir encore une fois contre elle.