Ce soir là, on est encore rentrées. Le sac sur l’épaule et la tête vide, la tête pleine. Pleine de mots, de souvenir, de vie, d’eux, les autres. Vide de sens, vide d’espoir, vidée, fatiguée. On a encore ouvert la porte. Certaines ont peut-être glissé la clé dans la serrure, tourné une fois ou deux. Mais rien avant, rien de plus. On s’est glissées dans la maison, bruyante ou silencieuse, dont la télé était éteinte ou allumée, petits frères et sœurs devant, ou non. On a posé notre sac dans l’entrée, ou dans notre chambre. On s’est laissée glisser sur le sol, une chaise, notre lit. Ou alors, on est tout simplement restées debout. Une seule chose m’est sure, on était mal. Mal depuis une semaine, deux, trois, un mois. Mal parce que quelque chose qu’on est pas capable de définir à changé, quelque chose qui nous à détruites, nous et nos idéologies. Et quand un idéal tombe, rien ne fait plus mal. A l’exception de la disparition d’une amie. C’est un peu la même chose au fond. On a glissé au fond du puit, sans même s’en rendre compte et on attends de toucher le fond. Depuis le temps qu’on tombe, on se dit qu’on est presque arrivées. Au début, c’est ce qu’on pensait. Et puis on a commencé a se dire que merde, il était bien profond ce puit quand même. Et puis, on a pleurer, enfin. Fallait bien y penser, on savait que ça allait arriver. Mais on fermait les yeux comme si tout allait bien. On a toujours fermer les yeux et voilà où on en est arrivées. C’est sur qu’au fond on se hais, mais nous savoir toutes comme ça, ça nous fait mal mine de rien. Et maintenant on attends le jour où l’autre sourira, et où on pourra faire pareil que tout aille mieux. Alors au fond, on se déteste mais on peux pas vivre sans cette haine. Et on aimerait s’ouvrir les yeux, se dire « mais regarde toi, pauvre conne, tu vois bien que tu m’aime autant que j’t’aime ! » mais non, ça serait trop simple.
Et ce soir là, on est encore rentrées, le sas sur l’épaule et la tête vide, la tête pleine et le cœur vide. Ce soir là, on a encore posé le sac sur le sol, avant de se sentir glisser au fond du puit, en attendant une main réconfortante qui nous aurait rattrapé. Une de leurs mains. Mais rien. Alors, ce soir là, on a encore pleurer, seule dans notre chambre.