Simplement parce que j'ai pleuré.
Et finalement, c'est assez rare que je pleure en lisant.
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"Je ne suis plus un enfant. Il ne faut pas se fier aux yeux verts, à la peau de fille, à cette fragilité de l’apparence, à la gracilité. Il ne faut pas croire que les yeux baissés, c’est forcément de la timidité. Je sais ce que je fais. Seize ans, c’est l’âge des possibles. Pourquoi m’interdirais-je quoi que ce soit ?"
Eté 1916. Vincent découvre la passion dans les bras d’Arthur, jeune soldat qui tente d’échapper pour quelques jours à l’horreur des tranchées et, dans le même temps, ébauche une amitié amoureuse avec Marcel P. ...
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"Et, d'ailleurs, pourquoi écrire plutôt que rien ? Pourquoi cette manière de témoignage muet ? Mais parce que c'est la plus grande des aventures. Parce que la vie commence à seize ans, et j'ai seize ans. Parce que l'amour d'Arthur est la plus belle des offrandes, le bouleversement le plus décisif. Parce que l'amitié de Marcel est un don du ciel, un évènement qui n'aurait pas dû se produire, dont la probabilité de survenance était infime. Parce que cette histoire relève de l'exception. Je suis l'amant d'un soldat de 21 ans, je puis être l'ami d'un des plus grands romanciers vivants, je n'en retire ni honte ni gloire, juste un immense, un indépassable bonheur. C'est ce bonheur que je veux écrire."
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"Comment on résiste à cette folie, je l'ignore. Comment on surmonte ce genre d'épreuve, je l'ignore. Je suis dans l'ignorance intégrale, indépassable.
Ta perte, c'est ma perte.
Comment on continue, je l'ignore. Et pourtant, il faut vivre."
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"[...]
Nous sommes ensemble. Comprends-tu cela ? Nous sommes ensemble. Je ne veux pas d'amours nouvelles. Et je suis prêt à recevoir tous les coups. J'écris cela dans le désordre, pardon. Mais il me faut d'urgence te dire que tu te trompes, que la vie est plus forte, que ce qui nous réunit est plus fort, que la guerre, cela n'est rien, que tu en reviendras, que tu seras vivant, que nous serons vivants.
Je prendrais toutes les souffrances avec moi, s'il le fallait, toutes, puisque j'ai tous les bonheurs.
Et je veux qu'à chaque minute, à chaque seconde, tu te rappelles que je suis là, que je ne suis là que pour toi, pour que cela t'aide à tenir, une seconde, une minute de plus, et que cela fasse toutes les secondes, toutes les minutes jusqu'à la fin de la guerre. Pour que cela, aussi, te donne l'obligation de revenir.
Un soldat mort, c'est un monde qui s'écroule assurément. Et deux corps que roulent dans la chaleur d'un lit, c'est un monde qui renaît. Pense aux renaissances, aux reconquêtes.
Ne meurs pas. Ne meurs pas.
Vincent."
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