Elle s'appelle Wita. Ca veut dire "Pleine de Vie". Ironie du sort, elle va mourir.
Oui, Wita "Pleine de Vie" va mourir, à l'aube de sa vie. Elle a seulement 6 ans, et avec son petit imperméable rose, elle fait sourire tous les pèlerins qui, comme elle, sillonnent la France en cette journée de Juillet. Assise à côté de Wita, il y a sa maman, Silwya. Elles font le voyage ensemble, entre filles, comme a dit la petite. Son papa les attend, en Pologne. Il ignore encore qu'il ne les reverra pas.
Wita dort, le voyage est long et elle est si bien, assise à côté de sa maman, dans ce bus. Et puis à 6 ans, on a besoin de recharger les batteries de temps à autres. Alors la petite fille dort, elle rêve, même. Elle rêve d'un grand jardin vert, d'une petite fille sur une balançoire. Il fait beau, dans ce jardin. L'herbe ploie un peu au gré de la petite bise qui souffle, mais le soleil réchauffe l'air et fait briller la rivière qui coule en contrebas. Mais soudain, dans le rêve de Wita, le ciel se couvre de gros nuages pleins de larmes. La petite fille a disparu, il ne reste que la balançoire, qui grince dans le vent qui se déchaîne. Et l'herbe n'est plus verte, elle est rouge, jonchée de cadavres qui crient. Wita se réveille en sursaut, mais les cris ne se taisent pas. Silwya pleure, tenant convulsivement sa fille contre elle, elle récite une prière en polonais. Par la fenêtre, Wita voit un jardin vert se rapprocher de plus en plus...Alors elle repense à son rêve...Puis à son papa, et elle ferme les yeux. "Pleine de Vie" si proche de la mort...
Un grand choc, un bruit épouvantable. Puis plus rien. Le néant.
Les pompiers retrouveront 27 corps sans vie, 24 survivants, dont 14 blessés graves.
Dans les victimes, une petite fille si jolie...Les yeux grands ouverts, encore pleins d'une vie qu'elle n'aura pas eu le temps de vivre...
Elle s'appelait Wita. Ca voulait dire "Pleine de Vie". Ironie du sort, pour elle, ça n'a plus aucune signification.