Luka [en cours, TH]

Bon, ben, finalement... (moi girouette... ?) Pour ceux qui ont envie de se la taper pour la Xième fois... XD
C'est mon premier 'tit bébé aussi long après tout...
J'appréhende toujours autant de la présenter...





"Dis, Bill, si j'ai pas vécu pour chanter, je peux chanter pour vivre... ?"




- Luka !

Je me retournai pour voir qui m'avait appelée. Mais je ne vis qu'un garçon envoyer une grande claque dans le dos d'un autre et les deux amis s'éloignèrent en rigolant. Mauvaise pioche, encore une fois. Mon prénom est courant... chez les garçons... Le mien n'est pas d'origine anglaise, mais asiatique. Et pourtant, je suis une londonienne pure souche, même si je vis en France depuis quatorze ans et que ma mère ne parle pas un mot de la langue nationale. Et oui, je suis une joyeuse mosaïque de civilisations. Il paraît qu'il y a quatre ou cinq générations, ma famille vivait en Italie. Ils avaient migrés en Ecosse, puis en Angleterre, où ils s'étaient définitivement implantés. Manque de bol, mon père était tombé amoureux de la France dans sa jeunesse et avait décidé d'y vivre quelques années. La langue de Baudelaire maîtrisée, il était revenu à Londres et y avait rencontré ma mère, qu'il avait épousée. Quelques années après mon frère, je naissais et mon père, nostalgique de la pollution de Paris, avait embarqué toute sa petite famille et était retourné vivre dans la capitale. J'avais trois ans et ne garde que de vagues souvenirs de ma Londres natale. Paris était devenue mon terrain de jeu. A douze ans, j'avais commencé à traîner dans le métro et les parcs, les ruelles sombres et les grands boulevards, même les toits de ces hauts immeubles n'avaient plus de secret pour moi. Mon adolescence se résumait par des bagarres, au collège ou dans la rue, et des engueulades avec mes parents. Sans parler des interdits bafoués.
- Hey, Luka !
Cette fois, je savais que c'était pour moi et me retournai avec un léger sourire. Il n'y avait qu'une seule personne qui changeait mon "u" en "ou", histoire de m'agacer : So', ma meilleure amie. Je me dirigeai vers elle, qui rejoignait son casier.
- On va où, ce soir ?, me demanda-t-elle.
- Tour Eiffel.
- Encore ?
- J'ai envie...
Elle éclata de rire. Elle est jolie, So', quand elle rit. Ses boucles brunes s'agitent joyeusement et ses yeux bleus pétillent de malice.
C'est grâce à elle que j'me suis un peu calmée. Je l'ai rencontrée quand j'suis entrée au lycée. Moi, j'étais à l'écart, comme d'habitude. Mon prénom de garçon, mes jeans troués, mon piercing et mon liner noir font peur, je crois. La cicatrice derrière mon épaule que j'ai pas envie de cacher aussi, sans doute. J'passe toujours pour une méchante alors qu'au fond, je suis pas si terrible. Enfin, j'crois.
So', elle est différente. Physiquement, on s'ressemble. Mais elle, elle dégage quelque chose. J'crois qu'on dit d'la chaleur humaine. Personne ose critiquer son style, parce qu'elle est trop gentille.
Elle est guitariste, et vach'ment douée en plus. Pour que j'arrête d'haïr le monde, elle m'a fait chanter. Du coup, j'suis dev'nue plus gentille. Elle m'appelle "la force tranquille" parce que j'm'énerve plus pour rien, mais que j'tape toujours aussi fort. C'est une fille bien, So', heureusement que j'l'ai. Elle a fait sortir tout le mauvais qui s'cachait en moi et l'a tué à coups de sourires et d'accords de guitare.
Selon elle, j'ai une jolie voix. Un peu cassée, mais jolie. Alors au lieu de faire des conneries, on s'balade dans Paris, guitare sur le dos de So', et on s'pose où on a envie pour jouer. On gagne un peu d'fric, même si on d'mande rien. Les passants restent souvent à nous r'garder, du coup, y en a qui se sentent obligés de donner la pièce. C'est toujours gentil, mais nous, on fait juste ça pour mettre un peu de couleur dans le gris barbouillé d'notre quotidien. Alors, quitte à le faire pour nous, autant l'faire pour les autres et pas être égoïstes.

Oh putain oui.
Luka (L)

"Dis, Bill, si j'ai pas vécu pour chanter, je peux chanter pour vivre... ?"
Je suis amoureuse de cette phrase.

Han la la, ça va me faire du bien de la relire. (L)

Bon, ben, ça m'soulage alors^^
J'hésitais beaucoup à la mettre.
Merci, M'dame, beaucoup, beaucoup.

T'étais folle d'hésiter ... n_n

Han
Merci Rob', Merci.
C'est la deuxième excellente nouvelle de ma journée.

Pfff... Z'êtes bêteus...

Je ne te permers pas.

On aime ce que tu fais, c'est tout.

XD

<3 <3

Luka *__*

Haha tu l'as remise finalement.
J'en suis bien contente.
J'adore cette histoire et Josh me manquait affreusement

J'me doutais que tu allais m'parler de Josh... XD
Oui, je la remets... Quand même... ^^

Ce soir, le ciel était encore lourd d'la chaleur de la journée. Pourtant, l'soleil était pas prêt de s'coucher. Moi, ça m'faisait sourire intérieurement : tant mieux, on allait pouvoir jouer plus longtemps. C'est cool, quand l'été arrive.
Avec So', on avait fini les cours, mais on rentrait pas sagement bosser chez nous. Nous, on va partager notre musique. Dans le métro, une vieille femme me regardait bizarre. Mon treillis militaire et ma casquette assortie devaient la déranger. A moins que ce soit les clous qui ornent mon arcade. Je lui souris et elle détourna la tête. "Fais des efforts, Luka, les gens seront plus gentils avec toi". Tu parles... Je me tournai vers mon reflet et enlevai ma casquette. Je remontai mes longs cheveux bruns méchés de rouge et les fourrai dedans. La nuque découverte, j'avais moins chaud. Quelques mèches rebelles s'échappèrent, tant pis. Le liner noir qui entourait mes yeux verts, trop clairs à mon goût, n'avait pas coulé. Cool, j'étais toujours présentable. Enfin ça, ça dépendait des points de vue.
Descendues du métro, So' et moi on marchait sans r'garder personne, parlant avec animation de notre "programme".
- Ca s'rait cool si tu pouvais gagner ta vie en chantant, me lança So' en sortant sa guitare de son étui.
- Et tu s'rais mon guitariste ?, lui répondis-je, amusée.
Elle rit et s'assit sur le petit muret blanc.
- Pourquoi pas ?
Elle fit quelques accords pour du beurre.
- Let's go ?
- Yes, my dear.
Elle entama alors "Satisfaction" des Stones, notre morceau fétiche, toujours le premier qu'on offrait.
Quelques personnes s'arrêtèrent. Au bout d'une ou deux chansons, j'les voyais battre la mesure avec leur pied ou en hochant la tête. Ca m'fait toujours sourire. Après sept chansons, j'm'arrêtai pour boire un coup. J'avais chaud. J'étais bien. Tandis que So' prenait les demandes, j'enlevai mon tee-shirt pour me mettre en brassière. Nous, on fonctionne comme ça, on joue c'que les gens on envie d'entendre. Notre répertoire est assez étendu pour ça et c'est vach'ment plus agréable.
On repartit. Je me sentais de mieux en mieux. Un groupe de collégiennes arriva, elles étaient à peine plus jeunes que nous et se marraient stupidement. Mais j'm'en foutais, je chantais, moi. Au moins, j'étais quelque chose dans ce foutu monde. Et c'est pas parce que j'le faisais le ventre à l'air que j'avais pas de dignité.
A la fin de ma chanson, elles applaudirent et je leur souris. L'une d'elles se fit pousser en avant par les autres et elle demanda, timide :
- Tu connais TokioHotel ?
J'acquiesçai. C'était rare qu'on nous demande ce genre de morceau. En plus, j'suis pas douée en allemand. Tant pis.
- Der letzte Tag, ça te va ?
Elle hocha la tête, le sourire jusqu'aux oreilles. C'est la seule que j'connaissais par coeur. Je me tournai vers So', elle aussi était aux anges, elle est fan. Moi, j'écoute de temps en temps. J'aime bien leur musique et le chanteur a une belle voix. Mais j'en suis pas folle au point de les défendre bec et ongle comme So', qui entama les accords.
- Jetzt sind wir wieder hier...
J'l'aime vraiment bien cette chanson. Elle reflète bien mon état d'esprit. Et elle a un bon style. 'Faudra que j'dise à So' d'la jouer plus souvent.
Allez, concentre-toi, p'tite frappe, d'jà que ton allemand est pas fameux.
Pourtant, les collégiennes avaient l'air d'apprécier. Elles reprenaient même le refrain avec moi. Génial, j'adore ça. So' aussi, alors elle s'amusait avec les accords au rythme de ma voix. Je fermai les yeux. Des mains frappaient le tempo. Deux, trois... Une dizaine de personnes s'y mettaient. C'est la chanson qui leur faisait ça ? Ce groupe devait vraiment beaucoup plaire.
Mes paupières s'ouvrirent pour voir que notre public s'était étendu. Des jeunes s'étaient arrêtés et semblaient intéressés par ces deux filles au look impossible que nous étions. J'aime ça.
- Sag's nich'... Noch nich'...
Mon regard s'arrêta sur des lunettes noires. C'que j'appelle des lunettes de mouches. Derrière ces verres opaques, je sentis un regard profond et attentif. Ce regard que je pouvais capter appartenait à un mec qui me ressemblait. Ses fringues me plaisaient. A côté de lui, 'y avait une autre paire de lunettes noires. Mais ce mec-là aurait dû apprendre que quand il pleut pas, une capuche, ça sert à rien. D'ailleurs, ils me disaient quelque chose ces deux originaux. Je finissais ma chanson en gardant les yeux fixés sur la surface noire des lunettes du plus grand, sur les lèvres duquel un sourire s'était peu à peu dessiné.
- Das ist der letzte Tag...
Les gens applaudirent et les garçons sifflèrent. A eux, mon nombril découvert devait plaire. Je souris et remerciai ceux qui nous donnaient des pièces.
Alors, mes lunettes noires s'approchèrent. Ils étaient grands ces deux-là, bien plus que moi. Les collégiennes se mirent à chuchoter en les montrant du doigt. Le brun s'avança directement vers moi et je fronçai les sourcils : décidément, il me disait quelque chose celui-là... Lorsqu'il me tendit une main aux ongles vernis de noir et de blanc et qu'il me parla en allemand, les collégiennes se précipitèrent sur nous. Alors j'compris qui il était. Le fait que So' se lève à son tour pour les voir de plus près confirma c'que j'pensais. Je laissais pas le temps aux groupies de l'accaparer et lui serrai la main en disant dans mon anglais maternel :
- Désolée, mais je suis une vraie quiche en allemand, Bill.
Son sourire se fit amusé.
- Tu m'as reconnu ?, fit-il dans un anglais un peu plus raide.
- Non, j'ai dit ça au hasard...
Il éclata de rire et ôta ses lunettes noires. Devant moi se tenait Bill Kaulitz en personne. Bill Kaulitz qui tenait toujours ma main. Bill Kaulitz qui me dit d'un air sincère :
- Merci de chanter notre chanson.
- C'est ces filles qui l'ont demandée. C'est elles que tu dois remercier.
Un sourire de plus et il se détourna pour soutenir son compagnon, qui se débrouillait tant bien que mal avec les huit collégiennes avides de photos et d'autographes. Il se détourna et lâcha ma main, que je refermai lentement. Ce mec était décidément étrange pour me troubler avec une poignée de main et quelques sourires dont il ne semblait pas avare. Déduisant que le second était Tom Kaulitz, j'regardai les jumeaux distribuer autographes et photos, quand So' me revint, légèrement tremblante.
- Il m'a dit qu'il avait aimé ma guitare !, souffla-t-elle.
- Qui ça ?
- Tom !
- Normal, il sait voir quand quelqu'un a du talent.
- Arrêtes, Luka ! C'est super-flatteur ! Tu t'rends compte ?!
- Ouais...
Mais pour moi, un "merci", c'était mieux qu'un compliment.
Lorsque les collégiennes acceptèrent enfin d'les lâcher, les jumeaux revinrent vers nous. So' me colla un coup de coude.
- Tu crois qu'ils voudraient bien faire une photo avec nous deux ?
- Demande, my dear, tu verras bien...
J'essayai d'accrocher le regard de Bill en écoutant d'une oreille l'allemand hésitant de So', mais il avait remis ses lunettes. Ils accédèrent à la requête de So', qui prépara son appareil haute technologie. Parenthèse : la deuxième passion de So', c'est la photo. Et comme sa guitare, elle emmenait son appareil partout avec elle, pour pouvoir immortaliser les insignifiants et magnifiques instants qu'elle croisait. Fin de la parenthèse.
Alors qu'elle installait la petite merveille technologique sur son trépied, les jumeaux vinrent m'encadrer, me faisant paraître encore plus minuscule que je n'l'étais déjà.
- Ca s'rait bien si on voyait vos visages, non ?, fis-je, histoire de choper une excuse pour retrouver le noisette velouté des yeux de Bill.
- C'est vrai, acquiescèrent-ils en choeur.
Adorables, ces jumeaux...
Les lunettes furent rangées et la capuche de Tom découvrit ses dreadlocks. Je jetai un oeil à Bill et croisai les siens. Magnifique... Hey, mais tu t'entends, là ? Tu d'viens écervelée ou quoi ? Reprends-toi, p'tite frappe.
J'inspirai profondément tandis que So' allait se placer d'l'autre côté de Tom en annonçant :
- 5 secondes.
Une main glissa alors dans mon dos pour aller se poser sur ma hanche. Bill venait de me prendre par la taille. J'en avais la chair de poule. Il le remarqua.
- T'as froid ?, souffla-t-il tout bas alors que Tom passait un bras autour de mes épaules.
- Non... C'est plutôt le contraire...
Il haussa un sourcil, un sourire malicieux aux lèvres. Je ceinturai à mon tour les deux allemands et lâchai le regard du beau chanteur pour celui de l'objectif. Juste à temps. Flash. Aussitôt la photo prise, Tom s'écarta de moi, alors que son frère me gardait encore un instant. Dernier sourire, dernier regard. Il rechaussa ses lunettes et enleva son bras.
- Chantes encore nos chansons, me dit-il avant de s'éloigner avec son jumeau.
- J'les connais pas !, lui lançai-je de loin.
Et il éclata de rire. Quand ils furent hors de ma vue, la chair de poule me revint. Non... C'est maintenant que j'ai froid, Bill...
- Luka ! Réveille-toi !
Je manquai de sursauter. So' me regardait avec un sourire.
- On continue ou tu restes à baver sur les jumeaux Kaulitz... ?
- T'es bête... On continue...

Tu préfères les merci aux compliments ?
Alors merci.

Merci à toi. <3

Vingt-trois heures. Le soleil s'était presqu'entièrement caché, mais la fraîcheur ne venait toujours pas. Moi, j'avais quitté So'. Ce que j'allais faire, c'était un truc qui n'appartenait qu'à moi. Même elle ne savait pas où j'allais.
Dans le hall de l'immeuble, Mehdi, le réceptionniste, me sourit. Il y a longtemps qu'il a abandonné l'idée de m'empêcher de passer. Il doit me prendre pour une folle à venir tous les soirs. Mais je m'en fous. Je m'engouffrai dans la cage d'ascenseur. Dernier étage. Les portes se fermèrent. Secousse. Je montais. J'aime ces habitudes, ces sensations. Dix-sept étages avalés, je sortis du cauchemar des claustrophobes et me dirigeai directement vers l'escalier de service. Je coinçai la lourde porte avec une vieille brique et sortis à l'air libre. Le voilà, mon paradis secret. Un carré de béton noir où un vieux fauteuil défoncé a été oublié quelques milliers d'années avant qu'je vienne. Mon toit est pas le plus haut de Paris, mais au-dessus de lui, c'est beau. Parce que, pour une raison mystérieuse, la pollution et les lumières ont zappé un p'tit coin d'ciel. Et dans ce p'tit coin des cieux, une étoile solitaire s'est perdue. Alors j'viens lui tenir compagnie tous les soirs. Des fois, je reste une heure et d'autres, toute la nuit, installée dans mon vieux fauteuil.
Là, j'me laissai tomber dedans et fermai les yeux. La fraîcheur tombait finalement. Je fourrai les mains dans mes poches. Quelque chose se froissa sous mes doigts et je fronçai les sourcils en sortant un p'tit papier que je dépliai.




Suivi d'un numéro de portable. J'eus un léger sourire. Il n'y avait pas de signature, mais je savais qui avait glissé ce mot dans ma poche. Je sortis mon téléphone. So' était la seule à avoir mon numéro et pourtant, je n'eus aucune hésitation à l'appeler. Trois sonneries.
- Ja ?
- Et en quoi elle te plaît, ma voix ?
J'entendis son sourire.
- Parce que c'est celle d'une inconnue...
- Ca t'arrive souvent de laisser ton numéro à des inconnues ?
- J'ai pas dit de qui tu étais inconnue...
- Parce que toi, tu me connais ?
- Tu chantes, on est donc pas complètement étrangers...
Mon sourire s'affirma et je changeai de sujet :
- Il est tard, tu dors pas ?
- Si, je te parle de mon rêve...
- J'voulais pas t'déranger.
- T'en fais peut-être partie...
- T'es bête...
Il est sympa, Bill. Il dit de belles choses, même s'il les met pas toutes dans ses chansons.
- En fait, j'crois que j'pourrais les connaître tes chansons.
- Tu sais, ça m'dérange pas qu'tu connaisses pas. Moi, j'connais pas les tiennes.
- J'en ai pas.
- Si, parce que tu chantes avec ton coeur. Alors elles sont toutes à toi.
- Alors, j't'ai piquée la tienne... ?
- Ah ouais ! Rends-la moi !
- OK...
Je l'entendis rire tout doucement.
- Elle est bizarre notre conversation, tu trouves pas, mon inconnue ?
- Non... Juste un p'tit peu... Et puis, j'suis pas à toi.
- Parles pas trop vite...
Sa voix douce courut de mon oreille en frissonnant jusqu'à ma nuque. J'le laissais face à mon silence, lorsqu'il finit par demander :
- C'est quoi ton nom ?
- Luka.
- C'est joli.
- C'est un prénom de garçon en France.
- J'm'en fiche, j'suis pas français. J'l'aime bien ton prénom.
Je souris à nouveau.
- Moi, j'aime bien tes yeux...
- Tu veux les revoir ?
- Pourquoi pas ?
- Si tu m'appelles avant minuit demain, on pourra s'voir.
- C'est ta seule condition ?
- Non, j'en ai une autre...
- J'suis pas sûre d'accepter, mais dis toujours...
- Je veux revoir ton sourire.

Rhalala comme j'aime ce passage.
Bill est tout simplement parfait.
Gaaah *__*.
Tu vas me rendre folle de lui si ça continue mais ça j'veux pas >.<.
Continue ma musicienne, j'aime tes mots.

Je refermai doucement la porte d'entrée, mais la lumière de la cuisine était déjà allumée. Je soupirai et ma mère apparut dans la porte, pâle d'une colère contrôlée.
- Tétais où ?
Sa voix tremblait. Je ne répondis pas.
- Il est deux heures du matin, bon sang, Luka, où est-ce que t'étais ?!
- Ca te regarde pas.
Je me déchaussai et me pris une gifle retentissante.
- Mais qu'est-ce que je vais faire de toi ?!
- T'as qu'à me balancer sous le métro.
- J'te comprends plus, Luka ! Tu fais ce que tu veux et tu te détruis ! Tu traînes à des heures pas possibles alors qu'il pourrait t'arriver n'importe quoi ! Je comprends pas pourquoi tu fais tout ça ! Qu'est-ce qui peut se passer dans ta tête ?! Jamais ton frère n'aurait fait ce genre de choses !
- Bien sûr, il était parfait, lui.
Seconde gifle. Je bronchai pas, me contentant de lui lancer un regard plein de pitié.
- T'as jamais rien compris de toutes façons.
Avant qu'elle puisse répliquer, je gravis les escaliers et m'enfermai dans ma chambre.
Le refrain variait peu de soir en soir. C'était pire quand mon père était pas là. C'qui arrivait souvent, vu qu'il était toujours en déplacement. Enfin, c'est c'qu'il disait. Je m'posai devant ma glace et examinai ma joue brûlante. Elle avait frappé fort. 'Manquerait plus qu'j'ai un bleu. J'allai dans la salle de bain humidifier une serviette pour pas que ma joue prenne de couleur. Puis j'ôtais mon treillis, mon tee-shirt et mes bagues. Démaquillage express et au lit. La fenêtre ouverte laissait passer le vent frais de la nuit. Je fermai les yeux. La voix de Bill vibrait encore dans mes oreilles. Je me sentais bien.
Allongée sur le dos, je ramenai un bras sur mes yeux. 'Faut que tu t'calmes là, p'tite frappe. T'es en train de te laisser charmer par le plus célèbre des inconnus que t'ais rencontrés. C'est pas toi, ça, réfléchis... Toi, tu t'intéresses pas aux garçons, parce que ça finit toujours par un seul mot : souffrir. Tu l'sais, p'tite frappe, alors te monte pas la tête.
Mais c'était plus fort que moi. Ce truc qui s'tortillait au creux de mon ventre demandait qu'à sortir pour lui. J'suis qu'une fille, après tout. J'dirais pas comme les autres, parc'que c'est c'que j'veux surtout pas. Est-ce que moi aussi, j'avais l'droit d'aimer ? Je crois pas. Pas après ce que j'avais fait...

- Dis, So', tu connais la guitare de "Rette Mich" ?
Elle fronça les sourcils et gratta deux, trois cordes avant de me sourire.
- Ouais, ça devrait l'faire. T'as envie de chanter du TokioHotel maintenant ?
- J'ai réécouté, hier. C'est bien. Les textes sont bien écrits. La musique est sympa.
- Le guitariste est pas mal... Let's go ?
- Yes, my dear.
Accords, regard au public, puis j'fermai les yeux, parce que cette fois, je chantais que pour quelqu'un en particulier.
- Zum erste mal alleine...
J'y mets mon coeur, comme il m'a dit. Parce que je veux encore lui rendre une chanson. Parce que je sais qu'il ne viendra pas. Parce que je sais que je ne le reverrai sans doute jamais. Hier est fini et il n'a pas promis. Il ne me doit rien. Mais moi, je lui devrais toujours cette chanson. Je resterai la petite chanteuse de Paris qui lui a donné une occasion de se distraire et de discuter. Et j'lui en veux même pas. Ce que j'suis bête. J'en pleurerais, si j'étais pas moi. Pourtant, j'vais l'appeler. Parce que j'en ai envie et que j'en fais toujours qu'à ma tête.
Mes poings se serrèrent sans que je ne m'en rende compte. Je veux revoir ses yeux et ne pas entendre sa voix déformée par le téléphone. C'est viscéral. Hier est fini, mais demain n'est pas encore là et c'est lui que je veux. Et j'ai peur parce que je comprends pas ce que j'ressens. J'suis stupide, c'est tout c'que j'sais.
La chanson était finie. J'y avais mis tout c'que j'avais et en gardais encore les marques dans mes paumes. So' avait les larmes aux yeux.
- Luka... C'était magnifique...
T'as entendu, Bill ? Ta chanson, j'te l'ai bien piquée. Ca va être dur de la récupérer. Parce qu'il va falloir prendre mon coeur avec.

Rha cette dernière phrase.
Qu'ets-ce que j'aime c'qu'il se passe en Luka.
Qu'est-ce que je l'aime elle.
Et toi aussi d'ailleurs <3

- Ja ?
- Il est pas minuit.
- Alors on va s'voir.
- Où ?
- Dans nos yeux...
Je souris.
- T'es bête...
- C'est la deuxième fois que tu m'le dis. J'vais finir par me vexer...
- Tu te souviens où j'chantais ?
- Oui.
- Alors j't'attends.
Je raccrochai et me mis à courir. Je m'sentais légère. Et toujours stupide. Tant pis.
Assise sur le muret blanc, je regardais les gens. Il y avait du monde. J'espérais qu'il n'aurait pas trop de problèmes. Je levai les yeux vers la nuit, mais pas d'étoile visible d'ici. C'était réservé à mon toit. Alors je baissai les yeux vers le sol, sale comme le ciel. Désespérante, cette ville. Pourtant, j'l'aime bien. Mais bon, j'peux pas être une référence.
Des pas s'arrêtèrent devant moi et je relevai la tête au moment où il enlevait ses lunettes. Regard de velour...
- Bonsoir, Luka.
C'était la première fois qu'il disait mon nom. Et il était le seul à le dire comme il fallait. Sa voix jouait sur les deux syllabes comme s'il chantait.
- Bonsoir, Bill.
Il s'assit à côté de moi et plongea son regard dans le mien. Mon ventre se tordit et je frissonnai. Merde. Il me faisait vraiment de l'effet.
- T'as vu mes yeux, dit-il, Montre-moi ton sourire.
Je souris, mais il fronça les sourcils.
- Non, celui-là, j'connais. Moi, je veux le vrai. Le sincère. Celui qui vient de ton coeur.
- J'peux pas.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai oublié comment on f'sait.
Il sourit. Lui, il savait. Sa main remonta le long de mon bras et se glissa dans ma nuque. Il approcha sa bouche de mon oreille et souffla :
- Alors, je te rappellerai...
Je fermai les yeux. La chaleur de son haleine dans mon cou me fit frissonner.
- T'as froid ?
- Non..., murmurai-je, C'est plutôt le contraire...
Il s'écarta légèrement de moi, son visage tout près du mien. Oui, j'avais chaud. Et l'été naissant n'y était pas pour grand chose.
- Tes yeux brillent, Luka...
Je clignai lentement des paupières. Ca y est, il avait réussi. J'pouvais plus parler. Sa main revint de ma nuque sur ma joue. Alors, la magie se brisa. Ses doigts avaient effleuré la trace rouge qui barrait ma peau et une grimace avait déformé mes traits. Il fronça les sourcils.
- C'est quoi ça ?
- Rien.
- Tu t'es battue ?
- Plus ou moins...
Je pris sa main et me levai.
- Viens.
Il se laissa entraîner.
- Où ça ?
- Au bout de nos rêves...
Son sourire réapparut et l'étreinte sur ma main se resserra. On marchait sans but, bercés par les lumières de la ville. Même si Paris ne dort jamais, il y avait de moins en moins de monde dans les rues. Bill restait silencieux, mais ses lunettes restaient accrochées au col de son tee-shirt. Et cette fois, il n'avait pas lâché ma main.
Je pensais ne jamais le faire et pourtant, je m'arrêtai soudain devant mon immeuble. Je pensais ne jamais emmener quelqu'un ici et je venais de le faire machinalement. Alors que je savais que So' n'y viendrait même pas, je venais de le faire. Pour lui. Pour ces yeux noisette qui m'interrogeaient silencieusement. J'eus un léger sourire.
- Remets tes lunettes.
Mais jusqu'où j'étais prête à aller... ?
- Pourquoi ?
- Parce que les rumeurs sont comme un coup de couteau : deux secondes pour blesser, une éternité pour guérir.
Il s'exécuta et reprit ma main.
- Un peu triste ton image...
Je poussai la porte vitrée et l'entraînai dans le hall mal éclairé. Mehdi dormait, la tête penchée en arrière. Je souris à nouveau, je le plaignais pour son futur torticolis, et filai silencieusement vers l'ascenseur. Avant que les portes se ferment, j'ôtai les lunettes de Bill et les glissai de nouveau à son col. Il retint ma main contre son torse et passa un bras autour de ma taille pour me serrer contre lui. Je posai ma tête au creux de son épaule et fermai les yeux. Il est grand, Bill. Au moins une tête de plus que moi, voir deux. Ca me rassure.
Les dix-sept étages passèrent bien trop vite. A deux, on sortit sur mon toit. Bill s'avança sur mon béton noir, les yeux levés vers le ciel, tandis que je coinçai la porte.
- J'croyais qu'on voyait pas les étoiles au-dessus de Paris ?
Je souris et, marchant à reculons, j'ouvris large mes bras vers lui.
- Bienvenue dans mon paradis...
Alors qu'il souriait et venait vers moi, je me retournai et levai à mon tour les yeux vers mon coin de ciel. Ses bras m'enlacèrent et je sentis sa chaleur contre mon dos.
- Il y a deux étoiles..., soufflai-je.
Ses lèvres se baladaient dans mon cou. Je fermai les yeux et joignis mes mains aux siennes, entrelaçant mes doigts avec les siens. Ses baisers étaient doux, ses bras me berçaient. Au bout d'une éternité, je me retournai entre ses bras. Nos yeux se rencontrèrent et nos regards se fixèrent dans celui de l'autre. D'un doigt, je dessinai la courbe de sa mâchoire. Il ferma à son tour les yeux et je profitai de sa cécité pour effleurer ses lèvres des miennes. Juste une caresse, éphémère et prudente, qui me rendit le velours de son regard. Il me sourit, je lui rendis. Mais pourquoi c'était si facile avec lui ?
- C'est mieux..., chuchota-t-il.
Je lui demandai silencieusement de quoi il parlait.
- Ton sourire...
Il se pencha légèrement vers moi et m'embrassa.
Enfin. S'il avait encore attendu, j'aurais été capable de n'importe quoi. Des trucs stupides, comme toutes ces filles qui se disent amoureuses. Ce que je ressentais pour lui me faisait peur parce que c'était trop différent de ce genre d'impressions. C'était terrible, flippant à quel point je l'voulais. J'me sentais si stupide. J'me noyais dans des désirs que j'avais toujours refusés. Vouloir posséder une autre personne, un être à part entière, je trouve ça égoïste. Et hautain. Et moi, je voulais pas être comme ça. Seulement, j'me contrôlais plus et de toutes façons, j'aurais pas été capable de lui refuser quoi que ce soit. Un mec que j'connaissais que d'puis hier. T'es folle, p'tite frappe. Et puis, merde, tais-toi. Pourquoi 'faut toujours qu'tu réfléchisses dans les meilleurs moments ? Profite. Ca t'arrivera sans doute que cette nuit.
Il embrasse bien, Bill. J'vois des étoiles, même si mes yeux sont fermés. J'suis bien. Plus que j'l'ai jamais été.

- Dis, Bill, qu'est-ce qu'on va dev'nir ?
- Ca dépend... Tu veux partir avec moi, là-haut, dans les étoiles... ?
- T'es bête...
- A la quatrième, j'me vexe...
Je souris et me redressai pour le regarder dans les yeux. On s'était installés dans mon vieux fauteuil, entassés en vrac. Moi sur ses genoux, mes jambes reposant négligemment sur l'accoudoir. Lui, écrasé au fond des vieux coussins, les mains perdues sous mon débardeur.
- Tu vas t'en aller, hein ?
- Pas tout d'suite.
- Mais qu'est-ce qu'on va dev'nir ?
Il caressa mes cheveux.
- C'que tu veux, Luka. On deviendra c'que tu veux.
Il m'attira contre lui et murmura :
- Pour l'instant, profite. Demain n'est pas encore là.
On resta silencieux, serrés l'un contre l'autre. Biens.
- J'ai fait pleurer So' avec ta chanson, dis-je soudain en regardant les deux étoiles qui perçaient les cieux.
- Laquelle ?
- Sauve-moi... Elle est triste, mais j'ai aimé la chanter... J'ai mis mon coeur dedans...
- Si tu m'voles toutes mes chansons, j'pourrais plus chanter moi...
- T'as qu'à les récupérer...
- Cette fois, ça s'ra plus dur, si j'dois aussi prendre ton coeur...
- C'est problématique...
- Tu m'le donnes ?
- Contre quoi... ?
Il remua et je sentis ses lèvres dans mon cou. Elles y restèrent longtemps pour y laisser leur marque. Puis, un, deux, trois baisers et elles rejoignirent les miennes, qui les gardèrent longtemps. Jusqu'à ce que sa voix douce souffle à mon oreille :
- Un souvenir de moi...
- Echange accepté...

j'aimais, j'aime et j'aimerai

J'ouvris doucement les yeux. Un rayon de soleil réchauffait mes épaules. Les étoiles avaient disparu. Bill aussi. J'étais seule, recroquevillée dans mon fauteuil, alors que je m'étais endormie contre lui. Je soupirai. Voilà, p'tite frappe, tu t'es fait avoir.
Je m'étirai comme un chat. Non, un tigre, ça collait mieux à mon humeur. Mon portable glissa de mon ventre sur le coussin. Je fronçai les sourcils. Je me souvenais pas l'avoir sorti hier. Je le pris et regardai l'écran. Un message y était affiché :



Le tigre rentre, le chat ressort. J'enregistrai le message et lançai un appel.
- Ja ?
- C'est plus avant minuit ?
- On est plus hier...
- Tant pis.
Et je raccrochai avec un sourire. J'savais qu'on s'reverrait. Parce que c'était mon coeur qu'il emportait avec lui.