Un texte, partit de rien, et qui n'a pas fini sur grand chose d'ailleurs. x)
En esperant qu'il vous plaise.- Spoiler:
[Merci à la personne dont je me suis inspirée pour le perso, même si il ne verra jamais cette phrase. =)]
Love is just a Game.
« Je t’attendais. »
« Je sais. »C’est vrai, ça faisait longtemps que je n’avais pas foutu les pieds ici. C’est vrai, cet endroit n’est plus pareil, il frôle même la différence à force de jouer à cache cache avec le temps.
C’est vrai, toi tu n’as pas vraiment changé et moi non plus, dans le fond, même si tu ne m’aurais pas reconnu si seulement tu n’avais pas été toi.
Et tu me stresse toujours autant qu’avant à rester debout, me fixant de tes yeux brillant de triomphe. A en vomir.
Ton ironie comme accueil me dégoûte, et pourtant c’est moi qui ai traîné mes jambes jusque sur ce carrelage dépassé. Il aurait suffit que ma volonté change de côté, que mes pieds veuillent bien ne plus se poser au sol, que mon esprit se fasse plus raisonnable, pour une fois. Il aurait juste suffit que dix années ne se soient pas écoulées Il aurait surtout fallut que tu ne me tiennes pas par le cœur comme ça.
Avec mes « si » et mes « mais », je ne me rend même plus compte de ce que j’aurais pu mettre en bouteille. Paris est si ridicule à côté de ton monde auquel j’appartiens.
Il y a ce petit vent qui vient refroidir l’atmosphère déjà glacial qui nous sépare. Qui nous a toujours séparé.
Il y a cette grande bourrasque qui vient gifler nos gueules à tous les deux, histoire de nous retourner le cerveau toujours un peu plus.
Il y a cette tornade qui vient balayer nos erreurs, tout ce passé trop profondément ancré entre ces murs sans toit qui ne tiennent que par miracle. Comme par la force de nos promesses qui sonnaient trop faux.
La mousse répandue sur tout ce qui a pu constituer nos vies me rend aveugle. Et je te l’aurais volontiers faite avaler par tous les orifices possibles et imaginables si je n’avais pas eu trop de respect pour elle. Je n’en ai jamais eu assez pour toi, et encore moins pour moi.
Mais si elle peut caresser la ruine qu’est devenue notre cheminée de toutes ses racines sans en mourir, alors elle est bénie par tout ce qu’il peut bien exister par delà les étoiles.
Mais si elle peut bien conserver le peu qu’il reste du bonheur qui a pu faire escale ici, alors je ne la frôlerais même pas de ma pensée.
Et que tu ne la touche pas de tes ongles en putréfaction.
Je peux bien te l’interdire sur ma vie, plus rien ne vaut grand chose, ici.
« Ne me regarde pas comme ça. »
« Tu t’acharnes encore à dire ça, toi ? »Je me voyais déjà le remballer avec force, lui faire toutes les couronnes d’épines du monde pour lui planter le crane jusqu’à en faire éclater son horreur spirituelle.
Je me voyais déjà l’empaler sur un bûcher et allumer le tout, encouragée par ses cris de peur intense.
Je me voyais déjà lui affliger n’importe quelle mutilation qui aurait été le fruit de ma tête pendant un instant –une éternité peut-être- , afin qu’il me supplie d’arrêter et que je savoure ma cruauté au plus haut point.
Mais jamais il n’aurait hurlé, jamais son visage ne se serait crispé de douleur, et Grand Dieu jamais il ne m’aurait imploré.
Il aurait sourit, simplement, juste pour me faire prendre conscience du monstre qu’il me faisait devenir.
Une légère torsion de ses lèvres s’est d’ailleurs exercée, à la vue de mes plus sombres idées.
Je le haïssais de pouvoir lire en moi. Et encore plus de s’en délecter.
L’obscurité commence à nous embaumer, et tes cheveux blonds d’ange déchu disparaissent peu à peu, laissant place à la perversité incrustée entre chacune des lignes de ton visage.
Tes pupilles tueuses m’empoisonnent l’air à imiter l’océan, et elles ne s’assombrissent pas, évidemment. Il faut croire que tu prends un malin plaisir à éclairer ma misère de bienveillance si noire.
Et même si aucun son ne sort de ma bouche, je sais pertinemment que tu m’entends. Je te fais trop d’honneur à parler de toi à la troisième personne, je te fais trop d’honneur à te regarder –et je ne peux m’en empêcher- , je te fais trop d’honneur d’être venue –et dieu sait que jamais je n’aurais fait le contraire-.
« C’est long, dix ans »
« Pas tellement. »Tu ris, d’un rire cynique, qui effleure le fantomatique. Ce même rire qui me fait presque crever à chaque fois, mais qui n’ira jamais jusqu’au bout, préférant me laisser à moitié dévastée que totalement inerte.
Le repos éternel est un privilège que tu ne m’accorderas pas.
« Alors tu es venue. »
« Tu sais très bien que le contraire avait un goût d’impossible. »
« C’est beau ce que tu dis. Tu ne t’es toujours pas décidée à arrêter de rêver ? »
« C’est le seul moyen de ne plus voir ta tête devant mes paupières même ouvertes. »
« Je te hante tant que ça ? »
« Et c’est pire encore. »
« J’en suis heureux. »
« Ne me crois pas assez faible pour te laisser me pourrir totalement la vie. »
« Depuis quand tu vis ? »
« Depuis que je t’ai quitté. »
« Vivre dix ans n’est pas vraiment une vie. »
« Je vivrais plus que dix ans. »
« Faux, si tu est revenue c’est que tu préfère la souffrance, je m’trompe ? »J’aurais cherché dans tous les recoins de mon cerveau ce que je pouvais bien te répondre. Je n’aime pas perdre, et te laisser gagner est inconcevable.
Et toi tu n’as jamais aimé les principes ; faire tourner les choses à l’envers est ta destinée, il faut croire. Alors je perdrais chaque fois que tu l’auras décidé, je m’inclinerai lorsque tu cligneras d’un œil, je pleurerais lorsque tu fronceras un sourcil.
Parce que finalement, c’est peut-être pour ça, que je suis ici.
« Ne te poses pas la question. Tu m’aimes à en crever. »
« Parce que pour toi haine et amour son proches ? »
« C’est la même chose, ma Mienne. »*Ravalement de salive*Oui, c’est vrai, je t’appartiens et tu en frémis de plaisir. C’est comme une décharge électrique dans tous tes organes, et tu jouis de sentir les battements de ton cœur s’accélérer lorsque mon mal-être est grandissant.
Je te hais, je te hais, et c’est probablement parce que je t’aime trop singulièrement.
Mais jamais, jamais tu ne l’entendras de ma bouche.
Mon cœur est rattaché à toi par un élastique contrôlé par tes sales mains –diantrement magnifiques-. Il suffirait que tu le lâches pour que j’explose, il suffirait que tu le lâches pour que je suffoque de mon propre oxygène.
Tout ça juste parce que j’ai daigné répondre à ton ordre. Qui n’en était pas un.
« Tu regrettes. »
« Non. »
« Menteuse. »
« Idiot, je ne serais pas là sinon. »
« Tu es là parce que tu n’as pas le choix. »
« Si. »
« Ah oui ? »Je ne peux plus supporter ton rictus déplacé, et pourtant mes pieds ne bougeront pas d’ici. Un sentiment de ne plus vouloir partir m’envahit, comme si mes jambes voulaient s’enraciner ici pour le temps qu’il reste à passer.
Mais ce n’est pas moi qui contrôle ce monde, qui y ai fixé les règles, et je n’aurais évidemment jamais les dés en ma possession.
Juste parce qu’ici, c’est toi le roi et moi le reste.
« Je suis satisfait de voir que tu n’as pas changé. »
« J’aurais aimé ne pas avoir à en dire autant. »
« Tu es dingue de tout chez moi. »Il ne m’a pas quitté des yeux, et je me risque à espérer qu’il ne le fera plus jamais.
« Alors, »
« … ? »
« A dans dix ans. »Je me demande encore aujourd’hui comment une de mes larmes périlleuses a-t-elle réussi à s’échapper de la réserve planquée au fond de mon âme.
Qu’elle prenne toute sa vie à dévaler ma joue, maintenant qu’elle y est.
Le pire, c’est que ma fierté ne s’abaissera jamais. Parce que c’est ça qui tient le tout.
« Ouais, à dans dix ans. »
Il a attendu que je baisse le regard, et a tourné le dos pour disparaître.
J’aurais bien aspiré toute sa démarche, j’aurais bien respiré l’air qu’il m’avait laissé, j’aurais bien fait le plein de lui pour m’aider à patienter. Mais je n’en ai jamais eu le courage.
Et ça ne s’arrêtera jamais.
Juste parce que, l’amour n’est qu’un jeu qui pousse à faire les pires folies
FIN