[En cours, TH] Déchéance...Aide-moi à renaître.

I. Tout commence ici...

Du noir partout autour de moi. Un profond silence...Seule encore...Il fait froid...Mes yeux me brûlent, ma gorge pique. Des larmes me viennent...Je ne dois pas pleurer...Pas maintenant, pas encore...Je dois seulement fuir, oui, quitter cet endroit inconnu...Mais mes jambes refusent d'obéir, je ne peux pas bouger...Le noir m'engloutit...
-Talulla ! Talulla ! Allez ma belle, reviens !
J'ouvre les yeux brusquement. La lumière m'éblouit. Je distingue avec peine le visage de l'infirmière penchée sur moi. Elle se relève et s'écarte pour laisser place au médecin qui l'accompagne. Je tourne la tête en grimaçant et apperçois ma mère.
-Vous nous avez fait une jolie peur, mademoiselle ! Ca va ?
-Qu'est ce que je fous là ?
Ma voix est faible, rauque...Le simple fait de parler me fait mal. Et à mesure que je reprends conscience de mon corps, je réalise que chaque cm² de ma peau est douloureux.
-Vous ne vous souvenez de rien ?
-Si je m'en souvenais, vous pensez vraiment que je vous le demanderais ?
Au moins, je suis toujours moi-même niveau caractère...Le médecin soupire mais finit par me répondre.
-On vous a retrouvée dans une ruelle, battue et laissée pour morte...Vous n'avez rien de grave, mais vous êtes couverte d'hématomes et vous avez plusieurs côtes cassées.
Merde...
-Mais ce n'est pas le plus dur à entendre...Il y a plus grave...
Ah...Genre y'a plus grave que d'être fracassée et laissée à l'agonie dans une rue ? Le doc ouvre la bouche pour s'expliquer, mais je suis plus rapide.
-Attendez...Je...Je crois que je me souviens...Je me revois, rentrant du boulot à pieds, avec mon jean délavé et mon débardeur. Un homme, grand, qui sort d'une petite rue sombre. Il est tard, c'est rare de croiser quelqu'un à cette heure-ci...Il ne bouge pas, arrêté au croisement des 2 rues. Je passe devant lui. C'est à ce moment qu'il e choppe par le bras, plaquant son autre main sur ma bouche. Je me débats, je pleure mais je ne fais pas le poids et la rue est vide. Il m'entraîne avec lui, me frappant pour me calmer. Recroquevillée par terre, je ne peux pas le repousser, déjà à moitié assomée sous ses coups...Je ferme les yeux pendant qu'il se déshabille...Il me viole...Je sens ses mains calleuses qui parcourent mon corps...Sensation de dégoût, j'ai envie de vomir...Il frappe, encore et encore...Du sang dans ma bouche...Puis le noir...
Je me tais, mes yeux pleins de larmes suffisant à dévoiler ma souffrance...
-Vous avez 23 ans, vous êtes capable de vous reconstruire, mais pas seule. On va vous garder encore quelques jours ici, puis si vous êtes d'accord, vous serez placée en maison de repos où des gens qualifiés vous aideront...Mais pour l'instant, vous avez besoin de dormir.
Il me fait un sourire encourageant puis sort, suivi de l'infirmière. Ma mère s'approche, bouleversée.
-Je t'ai apporté ton mp3 mon ange. Tu le veux ?
-Oui. Merci Maman.
Elle passe a main sur mon front, m'embrasse sur la joue et va s'asseoir dans son fauteuil. Je pose les écouteurs sur mes oreilles et ferme les yeux. Mes doigts trouvent instinctivement les bonnes chansons...Tokio Hotel...Mon groupe fétiche depuis 5 ans...Après 2 albums, les groupies se sont lassées autant que les fans, un autre groupe les a remplacés...Ils se sont séparés, ont disparu du monde de la musique...Tout le monde les a oubliés, mais, étant d'une nature contestataire, je suis restée bloquée à mon statut de fan et j'ai continué à les écouter. On les cite encore parfois dans certains magazines, histoire de se moquer des groupes pour "gamines"...Les forums, les sites sur eux, tout a fermé...
Les yeux fermés, j'écoute la voix de Bill Kaulitz me crier de le sauver...Rette Mich...Des images de l'agression me reviennent, tirant des larmes de mes yeux fatigués. J'essaie de me concentrer sur la musique mais je sens encore la pression de ses mains sur ma peau...J'ouvre les yeux avec difficulté. Ma mère s'est endormie. J'ai soif et faim...Et j'ai mal à la tête...J'appuie sur la sonnette, l'infirmière de tout à l'heure arrive.
-Oui ?
-Est-ce que je pourrais avoir à boire et un truc à manger s'il vous plaît ? Et un cachet, n'importe quoi qui fasse passer le mal de tête...
Elle acquiesce et sort pour revenir quelques instants plus tard avec une carafe d'eau, un verre, une boîte d'Efferalgan, 2 yaourts et quelques biscuits. Elle en profite pour prendre ma tension, faire quelques contrôles puis me laisse. J'ai une migraine atroce, trop de pensées se bousculent dans ma tête...
Seulement 23 ans et déjà une vie en partie brisée...
Incapable de dormir, je me lève et me traîne jusqu'à la salle de bains. J'ai besoin de me voir vivante...Mais une fois devant le miroir, je regrette d'avoir voulu ça...J'ai les yeux cernés de noir, une lèvre fendue, les joues écorchées...Mas le pire, je crois que c'est vraiment mes yeux...Mes yeux bleus sont éteints...Mon regard est grave, presque violent...Avant, j'étais belle, mes grands yeux bleus, mes longs cheveux blonds/blancs, mon corps mince mais avec juste la bonne dose de rondeur...Mais maintenant...Tout en moi me répugne...Je me sens si sale...

Bouh que c'est gai. ><
Mais je veux voir comment elle va renaître.
J'ai vraiment hâte, d'ailleurs.
Déjà.
:p

Celle-là.
C'est ma fiction préférée sur La Page orange...
Pourtant il y en a tellement =)

D'ailleurs Folie, tu voudrais pas mettre la suite ? n_n

[Merci les filles, et désolée, j'suis pas très présente ici, faut que j'me ratrappe...]

II.Je pars, je n'reviendrai jamais...
Deux semaines...Ca fait déjà 2 semaines que je suis ici...14 jours sans délivrer un seul mot...Plus envie de parler, plus envie de me battre...Peur de vivre...Je passe mon temps à scruter mon reflet dans le miroir...Mes cernes s'élargissent de jour en jour, mes cheveux sont ternes, mes yeux se vident. Seules les larmes ne les quittent pas. Si je me croisais dans une rue, je crois que je prendrais peur. Je ne m'exprime plus que par écrit. La douleur qui m'envahit ouvre les portes de mon imagination. Je passe mes journées à écrire, je noircis des dizaines, des centaines de pages...Mes mots se déguisent, se tordent, formant des histoires emplies de noirceur, de violence et de mal-être. Tout ce que je ne peux pas exprimer autrement...
Paradoxalement, les médecins ne semblent pas s'inquiéter de la dégradation de mon état psychologique. Pour eux, c'est rien, le contre-coup, le choc...D'ailleurs, ils se débarassent de moi demain, m'envoyant séjourner dans un institut spécialisé, loin de chez moi...Une "maison de repos" pour couper toutes mes relations avec l'extérieur...L'idée, c'est de m'éloigner de mon environnement habituel, de mes repères et de mes souvenirs de cette soirée pour que je puisse me reconstruire une nouvelle vie...Alors ils m'envoient en Angleterre...Maman ne peut pas venir, elle doit rester pour mon frère, pour son boulot...Elle est quand même là aujourd'hui, elle prépare ma valise. Elle a apporté tous mes fringues, mes bouquins, mon stylo préféré, mon Bob l'Eponge, mon pc portable et mes cd...Elle veut que je puisse la contacter à n'importe quel moment...
-Ca va aller, hein Talulla, faut surtout pas ten faire, tout se passera bien !
Maman...On sait très bien toutes les 2 que c'est plus pour toi que pour moi que tu dis ça...T'as jamais supporté qu'on soit séparées trop longtemps...
-Ma puce, s'il te plaît...Dis-moi au moins un petit mot avant de partir...Parle-moi, je t'en prie...
Que pourrais-je te dire ? Que je ne supporte pas les larmes dans tes yeux ? Que j'aimerais remonter 2 semaines plus tôt et t'écouter, quitter le taf plus tôt, et que rien ne se passe ? Tu sais que je voudrais te dire tout ça, tu sais que je ne peux pas prononcer ces mots...
-S'il te plaît...
-Je t'aime Maman...
C'est sorti tout seul, ma voix est grave, basse, enrouée...Mais tu as souri, et c'est peut-être laseule chose qui compte. Maintenant, je peux retomber dans mon mutisme, tu vas repartir heureuse d'avoir entendu ma voix et je vais m'en aller avec le sentiment d'avoir fait quelque chose de bien, pour une fois...
En brisant ma vie,
Tu as brisé la sienne
Afin qu'on ne t'oublie,
Prisonnières de tes chaînes...
J'écris ces 4 vers sur un bout de feuille encore vierge, ce qui est plutot difficile à trouver dans ma chambre. Mon inspiration est comme ça, elle frappe n'importe quand. Alors je griffonne, je gribouille, je note, je mémorise...J'assemble.
6h45, une infirmière vient me réveiller, ou plutot me dire que c'est l'heure, puisque je ne dors plus. Quand je ferme les yeux, je revois tous les détails de cette horrible soirée. Alors je ne dors plus pour ne plus cauchemarder. Je me lève, m'habille et prends mon sac. Une ambulance m'attend. Une infirmière m'accompagne. On arrive à l'aéroport, on monte dans l'avion. Ma gardienne me propose un somnifère, je me contente de secouer la tête. Je veux être consciente si l'avion s'écrase, histoire de me souvenir de ce que ça fait quand on va mourir. Je cale mon mp3 sur mes oreilles. Ca fait combien de temps que je n'ai pas chanté ? Moi qui ne vivait pas une journée sans, avant. Dans la rue, dans le bus, sous la douche, en cours, au boulot...Je chantais toujours. J'ai même fait partie d'un groupe avec un ami guitariste...Tout le monde dort autour de moi, les hôtesses sont invisibles. Je me laisse aller à chantonner. Ma voix n'est pas assurée, on dirait que je viens de me réveiller d'un très long sommeil...Mon accompagnatrice remue, je me tais. Le pilote annonce l'aterrissage. Les gens se réveillent, dérangés par les brusques changements de hauteur.
Londres...J'aurais jamais pensé venir ici comme ça avant...L'infirmière hèle un taxi, lui indique l'adresse et quelques minutes plus tard, le chauffeur s'arrête devant une grande bâtisse. Au-dessus d'une porte majestueuse, une inscription gravée indique "Psychiatric Institute Victoria II"...On monte les quelques marches menant à la porte puis mon accompagnatrice sonne. Une autre infirmière vient nous ouvrir? Elles papotent quelques minutes puis la française se tourne vers moi.
-C'est ici que nos chemins se séparent. J'espère vraiment que tout s'arrangera pour vous et que vous pourrez rentrer chez vous le plus vite possible !
Je hoche la tête. Elle soupire mais me sourit puis grimpe de nouveau dans le taxi et s'en va.
-Okay. Come in !

Me fais pas autant attendre pour la prochaine suite, s'il te plaît ^^'.
S'il te plaît.

(L)

Muarf, 1 mois 1/2, j'avoue, j'ai un peu abusé sur ce coup-là. Mais j'crois que j'suis de nouveau prête à entrer dans la peau de Tal'. Juste pour toi <3


III.The Unrequited Dream.
Elle m'encourage d'un sourire à la suivre. J'obéis sans conviction...Elle me conduit jusqu'à ma chambre. Grande et...colorée. Les murs ne sont pas blancs comme à l'hôpital, ils sont roses et verts. Ca égaye un peu. Il y a très peu de meubles. Un lit, une table, une chaise, un placard. Des fleurs sur la table. Un couvre-lit assorti aux murs et aux rideaux. Une porte qui donne accès à une salle de bain.
-La déco est un peu sommaire, vous avez le droit de personnaliser votre chambre, en restant dans les limites du raisonnables. Les repas sont servis de 7h à 10h, de 11h45 à 13h et de 19h à 20h30, au réféctoire ou dans votre chambre, selon votre humeur. Vous aurez un grand choix d'activités proposées chaque jour, rien d'obligatoire, sauf les séances de discussion avec un de nos psys. Voila, je vous laisse vous installer, si vous voulez vous balader dans l'enceinte du bâtiment, c'est possible, mais pour sortir, vous devez impérativement être accompagnée et avoir l'autorisation des médecins et du directeur.
Je hoche la tête comme simple signe de remerciement. C'est pas parce que j'aime l'anglais que je vais sortir de mon silence protecteur. Elle sort, me laissant seule avec moi-même. Je me pose sur le lit. Dans le silence environnant, des notes de guitare me parviennent de l'autre côté du mur. Des notes que je connais, que j'ai écoutées maintes et maintes fois. Des notes qui se sont tues il y a longtemps déjà dans le monde qui était le mien...J'ouvre ma valise et commence à disposer mes vêtements dans le placard. Ma mère a bien fait les choses, elle a pris mes fringues préférés...Elle a même glissé mes bijoux favoris dans la poche de mon jean fétiche...Mon bracelet avec les menottes, ma bague, mes boucles d'oreilles étoilées et ma chaîne, à laquelle elle a pris soin d'accrocher mon pendentif en forme de lame de rasoir...Je m'empresse de tous les mettre, je me sens plus moi. J'ouvre la fenêtre en grand. Elle est protégée par des barreaux externes...Je branche mon pc portable et glisse un cd dans le lecteur. La voix douce de Corey Taylor qui murmure "Won't let this build up inside of me"...Etrange pouvoir que cette chanson de Slipknot a sur moi...Les mots me donnent encore plus d'inspiration. Prostrée sur mon lit, l'ordinateur sur les genoux, je tape jusqu'à en avoir mal aux doigts. Sombre histoire de suicide adolescent...Comme souvent...
Le temps file rapidement, il est déjà 17h...Des coups légers sont frappés à ma porte. Une infirmière entre. Elle veut savoir si je compte manger dans ma chambre ou au self ce soir. Je hausse les épaules mais finis par acquiescer quand elle me propose une nouvelle fois de manger avec tous les autres. Tu ne me feras pas parler, ma belle. Je pourrais, mais je ne veux pas. Je replonge dans la suite de l'histoire de Light, jeune garçon mal dans sa peau, dans sa vie, dans sa tête, amoureux à en crever d'une utopie. Amour sans espoir, fin tragique dans le sang et les larmes. Comme toujours...Les chansons s'enchaîne...Non, pas celle-là...Talulla...Seule chanson qui porte mon nom, extraite du dernier album d'Indochine...Nous deux sous les étoiles...Mais les étoiles se sont éteintes dans mes yeux quand il a pris possession de moi...Les larmes reviennent, coulant le long de mes joues. Je les essuie d'un revers de main et me concentre sur mon texte.
"Une promesse s'envole dans le vent
Plus-jamais-je-ne-recommencerais
Et ces cinq mots déchirés
Dans ma tête s'effacent lentement
J'attrape ma lame, tend le bras
Des cicatrices sont encore visibles
Témoins de moments horribles
Je sais qu'elles ne s'effaceront pas
La lame crisse sur ma peau
Qui s'ouvre sous le métal
Le sang coule, je n'ai pas mal
La souffrance je connais trop
J'ai vécu ça si souvent
Quand autour de moi tout tombait
Quand tout s'effondrait et que rien n'allait
Que je ne connais plus ce sentiment
Celui qui fait que le corps souffre
Mon esprit, lui, si torturé
A mal en continuité
Vais-je tomber au fond du gouffre ?
Ou arriver à m'en sortir ?
Après tout rien n'est écrit
Je peux reconstruire ma vie
Et commencer à grandir..."
La guitare, qui s'était tue depuis un moment, reprend de plus belle...Toujours les mêmes notres, les mêmes accords, la même chanson...J'aimerais savoir qui est ce mystérieux guitariste...Mais déjà, l'infirmière de tout à l'heure revient pour m'accompagner à la salle à manger, comme je ne connais pas encore le bâtiment. C'est une grande pièce jaune très lumineuse. Les chaises sont groupées par 6 autour de tables rondes colorées. Il y a déjà des gens qui mangent, ils ne prêtent aucune attention à mon arrivée. Je me sers, m'assied seule et mange rapidement. Puis je retourne dans ma chambre. je n'ai pas envie de me mêler aux autres, pas ce soir...
De retour "chez moi", je constate que le slience est revenu dans la pièce d'à côté. Peut-être qu'il ou elle est allé manger...Mais plus aucun bruit ne filtre...Jusqu'à 22h30...Les notes s'élèvent une nouvelle fois. Et cette fois, ma curiosité l'emporte. Je me lève, traverse ma chambre à petits pas, ouvre la porte et me dirige vers la porte voisine. Je frappe. La musique s'arrête. Je frappe de nouveau. Des pas...Quelqu'un s'approche derrière la porte. Cliquetis de verrou, la poignée s'abaisse et enfin, on ouvre. Une haute silouhette se tient dans l'encadrure. Je recule et manque de tomber en reconnaissant ce visage...

Tom Tom Tom ?
(L)
Merci.
[le 8 décembre, le 8 décembre]

Merci à toi, de lire et tout ça.
<3

[Plus que 42jours]

De rien, vraiment.
(L)

J'adore c'est bien écrit , je m'imagine parfaitement cette chambre rose et verte et je suis impatiente d'avoir la suite^^

Merci les filles. Merci.

IV.Immer werden wir uns tragen...
Devant moi se tient en chair et en os Tom Kaulitz, LE guitariste de Tokio Hotel ! Ou plutot, ce qu'il reste de lui...Il a maigri, il n'était déjà pas épais à l'origine, mais là...Un squelette recouvert d'une fine couche de peau blême...Ses magnifiques yeux marrons auparavant rieurs et coquins sont maintenant enfoncés dans des orbites sombres et saillantes...Sa bouche ne sourit plus...Seuls son piercing et ses dreads retiennent encore un morceau émaillé du Tom d'avant.
-Bonjour...
Sa voix est basse, à peine un murmure. J'ose enfin le regarder dans les yeux. Son regard aussi a changé. Mais je ne réponds pas...
-Tu veux entrer ?
J'acquiesce et il s'efface pour me laisser passer. Paradoxalement, sa chambre est comme je l'imaginais 5 ans avant, quand ils étaient encore le groupe phare...Un bordel inommable...Des magazines jetés partout sur le sol, le lit défait, les fringues qui traînent...Et Elle, posée sur un fauteuil...Sa guitare...Sa plus fidèle alliée à l'exception de Bill je pense...Des photos accrochées aux murs lui rappellent sa gloire passée...Tom et une fille, Tom et une autre fille, Tom et les 3 autres, Tom sur scène, Tom et encore une fille...Un mur entier est réservé à chacun des membres...Un sanctuaire à la gloire de TH...On dirait ma chambre quelques année auparavant ! Je ne peux m'empêcher de sourire à cette idée. Il est dans mon dos, attendant que j'ai fini d'épier son antre, surement.
-C'est quoi ton prénom ?
Je me retourne, il est appuyé contre le mur "Gustav" et regarde ses mains. Je ne prononce toujours pas un mot.
-Moi c'est Tom...Tom Kaulitz...
-Je sais.
Encore une fois, les mots m'ont échappé.
-Pourquoi tu me dis pas ton prénom ?
-A quoi ça t'avancerait de le savoir ?
-Je sais pas...Mais maintenant, quand une fille entre dans ma chambre, j'aime bien savoir comment elle s'appelle...Avant je m'en foutais...Elles défilaient, groupies anonymes, elles auraient toutes pu porter le même prénom, avec leur manie de se ressembler...
-Talulla.
-Pardon ?
-Je m'appelle Talulla.
-C'est beau.
-Merci.
-Bill aurait aimé ton prénom, il aurait di que ça allait bien avec tes yeux.
Il me regarde en disant cette phrase, ses yeux brillent d'une lueur étrange. Je mets quelques secondes à comprendre que c'est à cause des larmes qu'il tente de retenir.
-Pourquoi tu pleures ?
-Je pleure toujours quand je parle de Bill...
-Pourquoi ?
C'est à son tour de se taire. Essuyant une larme d'un revers de manche, il se dirige vers le placard, ouvreun tiroir et en sort un classeur empli d'articles de presse. Il m'en tend un. Le papier est froissé et on peut voir que des gouttes d'eau sont tombées à certains endroits.
"Mort de l'ex-chanteur de Tokio Hotel, groupe phénomène oublié.
Bill Kaulitz, charismatique chanteur du groupe de rock Tokio Hotel, tombé dans l'oubli après son 2ème album en 2007, s'est donné la mort hier après-midi en sautant dans le vide depuis le toit d'un immeuble. Le jeune homme avait 22 ans."
Une petite photo de Bill au temps de Zimmer 483 illustre l'article...Je comprends alors que ce ne sont pas des gouttes d'eau mais bel et bien des larmes qui ont plusieurs fois inondé le papier...Je me tourne vers Tom. Assis sur son lit, il regarde le sol, laissant les larmes ruisseler sur son visage.
-Je suis désolée...
Il hausse les épaules. Je réalise alors que c'est pour cette raison qu'il a joué Spring Nicht en boucle toute la journée...
-Il ne s'est jamais remis de la mort du groupe...Il passait ses journées allongé sur son lit à regarder le plafond. Parfois, il écrivait des textes et me harcelait pour que je trouve une mélodie. Ca a duré 4 ans...Et puis un beau matin, il est parti, habillé comme pour le fameux clip de Spring Nicht, avec son long manteau noir, maquillé de nouveau. Naïvement, j'ai pensé que le Bill d'avant était revenu, qu'il avait enfin repris pied et que désormais, tout irait bien pour lui...Je n'ai pas imaginé une seconde qu'il...
Sa voix se brise alors et il laisse tomber sa tête dans ses mains. Il semble si vulnérable...
-A un moment, je me suis senti très mal, comme si on m'avait arraché la moitié du coeur sans anesthésie...Et quand le téléphone a sonné, instinctivement j'ai compris...Mon frère, ma moitié de coeur et d'âme, mon meilleur ami...Il était parti, sans un adieu, sans un signe. L'Ange Noir avait déployé ses ailes et s'était envolé...Sans moi...J'ai cru devenir fou de douleur, Gustav et Georg m'ont soutenu, mais rien n'y faisait...Moi qui avait réussi à me sortir sans trop de séquelles de la chute du groupe, je plongeais à mon tour en Enfer...J'ai enchaîné les filles, les cures de désintox, les emmerdes avec la police...Les tentatives de suicide...C'est comme ça que je me suis retrouvé ici...Après ma 5eme tentative, mes parents m'ont fait interner ici...
Je sens des larmes couler sur mes joues. Le voir comme ça, comme un animal blessé qui ne demande qu'à être achevé, me poignarde...Je vais m'asseoir à côté de lui et le prend dans mes bras, tentant de nous consoler tous les 2.

Han... Bill...
Elle me fait mal cette histoire mais j'ai envie d'espérer. Je peux, tu crois ?

Tu peux espérer un peu, ma Nao Jolie...Mais pas trop fort quand même, puisque tout est déjà tracé pour ces deux-là.
<3



**Plus qu'un mois**